Un infirmier au dispensaire du quartier Mimouna, à Settat, pratiquait, régulièrement et en toute illégalité, des interruptions volontaires de grossesse (IVG). La ville de Settat n'en finit pas avec les scandales. Après l'arrestation d'un infirmier dans le quartier Mimouna, présumé coupable de plusieurs dizaines d'avortements, le réseau d'avortements et d'accouchements illégaux semblent être beaucoup plus important qu'il ne le paraît. Rappelons que l'infirmier en question, Hassan F., après avoir été suspendu de la fonction publique, avait ouvert sa propre infirmerie dans le quartier Mimouna où il devait prodiguer, en principe, des soins banals comme le changement des pansements ou l'administration d'injections aux habitants du quartier. Tout aurait été normal, si ce fameux infirmier n'avait pas décidé de s'adonner à un commerce d'un genre spécial: l'avortement. Inutile de rappeler que l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est strictement interdite au Maroc. C'est justement une de ses "patientes" qui était derrière sa perte. Tout a commencé lors d'une dispute avec son amant, en pleine rue. Cette querelle s'est achevée dans les locaux de la police. Là, la fille a reconnu devant les agents de la police judiciaire que son amant, qui l'a engrossée, refuse pourtant de l'épouser. Elle précisa également avoir subi un IVG chez le fameux infirmier du quartier Mimouna. Résultat, le mardi 6 janvier dernier, le substitut du procureur du Roi auprès du tribunal de première instance de Settat, accompagné des officiers de la police judiciaire, ont effectué une descente à l'infirmerie de Mimouna. Les preuves étaient accablantes. Les enquêteurs ont trouvé des ustensiles servant aux opérations d'avortement. L'assistante de Hassan F. a, elle aussi, été arrêtée. Seize autres "patientes" ont été également épinglées. Tout ce beau monde a été déféré devant le parquet général de la Cour d'appel de Settat. En fait, le début de l'enquête risque d'être que la partie émergente d'un iceberg de trafic. Elle risque de déboucher sur d'autres manigances. Selon des sources bien informées à Settat, le quartier Mimouna est un des plus chauds de la ville. Le nombre de mères-célibataires qui y résident est incalculable. Elles occupent presque toutes de petites chambres malfamées. Tous les trafics y seraient monnaie-courante. C'est le cas notamment d'une autre infirmière brevetée, K.N. Celle-ci travaille au dispensaire du quartier. Selon des sources bien informées, cette infirmière procède, régulièrement et en toute illégalité, à des accouchements. Elle délivre par conséquent des déclarations de naissance. En fait, il ne s'agit pas d'un accouchement d'urgence, car elle procède au moins, toujours selon nos sources, à quatre accouchements par jour. En plus, les mères qui accouchent ne bénéficient d'aucun suivi médical, car l'accouchement se déroule dans leurs propres domiciles. Les risques pour leur état de santé et pour celui de leur progéniture sont dans ces cas nombreux. Apparemment, les femmes qui faisaient appel aux services à cette infirmière étaient tombées enceintes de manière totalement illégale. Il leur était donc impossible d'accoucher dans un établissement sanitaire public ou même privé. Cerise sur le gâteau: les déclarations de naissance délivrées par l'infirmière sont toujours légalisées sous le même numéro. "Ce qui n'est pas normal, car en principe chaque déclaration doit avoir son propre numéro de légalisation", précise les sources. Et d'ajouter que "des complicités existent certainement au sein de l'administration qui légalise ces déclarations". Des déclarations auraient été délivrées, par cette même infirmière, à des femmes qu'elle n'a jamais accouchées. En tout cas, une enquête officielle devrait être ouverte pour tirer au clair toute cette affaire. Surtout que l'infirmière en question continue à exercer en toute tranquillité. Vraisemblablement, il pourrait y avoir une connivence entre l'infirmier-avorteur et l'infirmière-accoucheuse. Quand le premier estimait que l'avortement était trop dangereux à cause de l'âge du fœtus, il aiguillait ses "patientes" vers l'infirmière-accoucheuse. Celle-ci procéde à l'accouchement et délivre les attestations. Et le tour est joué. A noter, enfin, qu'il y a un an, une assistante sociale a été arrêtée puis jugée coupable d'avoir donné illégalement des enfants à des familles adoptives.