Vendredi dernier, à Aïn Chock, à Casablanca, un adolescent de 15 ans a tué un chômeur de trente-trois ans. Le mobile : la victime avait abusé sexuellement de son frère sans qu'il soit arrêté, ni puni. «Zréka a été tué». C'est l'information qui a été propagée, vendredi dernier, comme une traînée de poudre, au quartier Aïn Chock à Casablanca. «Il méritait d'être tué», affirme un voisin. Non. Tout le monde a le droit à la vie. Et personne ne mérite d'être tué. «C'est le meurtrier et sa famille, Al Khaldi, qui sont les victimes et non lui», ajoute une autre personne. Étrange! Les voisins ont eu davantage de pitié pour le meurtrier que pour Zréka qui a été tué. Parce qu'il est pédophile et l'auteur du crime n'est autre que le frère de l'une de ses victimes. Comment ? Il y a plus de deux mois que l'histoire a débuté. C'était le lundi 5 octobre, vers 18 h quand le père de Mouâad, âgé de sept ans, écolier en première année d'enseignement fondamental, l'a remarqué en compagnie de deux jeunes hommes qui sortaient d'un chantier en construction squatté par des chômeurs. Que faisait-il en leur compagnie? Le père connaissait l'un d'eux. Il s'agit de Khaled Nahli, alias Zréka, âgé de trente-trois ans, un handicapé moteur, sans profession, qui habite près de la maison de la famille Al Khaldi. En fait, selon les habitants du quartier, Zréka n'était pas un handicapé moteur. Il l'est devenu après avoir tenté de réaliser le rêve qui était d'aller au-delà de la Méditerranée. Et l'autre jeune homme? Le père ne l'a jamais connu. Al Khaldi, un employé, s'est adressé directement à son fils pour lui demander ce qu'il faisait avec les deux jeunes hommes. Et la réponse de l'enfant, Mouâad, fut comme une bombe : «Ils ont abusé de moi ». Aussitôt, les deux jeunes voyous ont disparu. Rapidement, il a conduit son fils chez lui pour raconter l'histoire à sa femme. Et c'est comme si Mouâad lui a lancé une autre bombe au visage: «J'ai déjà raconté à ma mère ce qui m'est arrivé». Le père n'a pas cru ses oreilles. Comment sa femme a osé lui cacher un acte aussi abominable contre son fils ? Zréka avait abusé de l'enfant à deux reprises. L'enfant a raconté à son père que Zréka lui a bâillonné la bouche avec un chiffon et l'a obligé sous la violence à se laisser faire. Vers 19h du même jour, le père a conduit son enfant au commissariat de police pour déposer une plainte. Le lendemain, l'enfant a été soumis à un examen médical à l'hôpital Mohamed Sekkat du Centre hospitalier préfectoral de Aïn Chock. Un certificat médical lui a été délivré attestant que l'enfant présentait une fissure anale et lui a accordé un ITT de 25 jours. Arrêté par la police judiciaire de la sûreté de Aïn Chock-Hay Hassani, Zréka a été traduit, le vendredi 9 octobre, devant le parquet général près la Cour d'appel de Casablanca. Il a été mis entre les mains de juge de la deuxième chambre d'instruction. Un dossier a été ouvert sous le N° 772/ 09. Le mis en cause a été relâché sans que le tribunal ne prenne une décision finale. Ce qui était aberrant c'est que le même jour, deux autres pédophiles ont été relâchés par le juge d'instruction. Ces décisions du juge d'instruction ont mis les familles des victimes hors d'elles. En conséquence, elles ont observé un sit-in devant le siège de la Cour d'appel de Casablanca. Zréka est retourné au quartier comme un héros. Il ne cessait de menacer la famille de l'écolier de récidiver et d'abuser également de ses frères et sœurs. Le dossier de l'affaire était toujours dans les bureaux de la Cour d'appel. Pourquoi ? Aucune explication. L'écolier était dans un état psychique lamentable. Il ne dormait plus et urinait dans son lit la nuit. Son frère, âgé de quinze ans, ne supportait plus de voir le violeur qui traîne jour et nuit avec ses béquilles devant ses regards sans qu'il soit puni derrière les barreaux, sans qu'il soit châtié. Que devait-il faire ? Le tuer ? C'est la décision qu'il a prise et qu'il a exécutée, vendredi dernier.