Le summum de l'horreur à Casablanca. En un seul week-end, deux enfants, âgés respectivement de six et quatorze ans, ont été enlevés et abusés sexuellement avant d'être tués. À la rue n° 17 au quartier Ifriquia, préfecture de Ben Msick-Sidi Othmane, personne ne croit encore ce qui est arrivé au juste à l'enfant Khalil Bouchtata, âgé de six ans. Son père, chauffeur à la compagnie de transport, CTM, encore sous le choc, affirme à ALM : « Je n'arrive pas encore à croire que mon enfant a été tué… Pourquoi l'a-t-il tué ? Qu'est-ce qu'a fait mon enfant innocent ?». Les larmes aux yeux, ce père qui croise ses regards avec sa petite fille, qui est devenue sans frère, n'arrive pas à ajouter un autre mot. Quant à sa femme, elle n'arrive plus à parler. Le choc l'a rendue muette. Sans aucun doute, elle se souvient du moment où son enfant, Khalil, est sorti de la maison pour chercher son père. Il était 15h 30 ce vendredi 16 octobre, quand son père est sorti de chez lui pour faire des courses. L'enfant, qui venait de retourner chez lui, après avoir quitté l'école, vers 17h, est sorti pour le rejoindre. Mais, il a disparu. Où est-il parti ? Le père de l'enfant l'a cherché partout. En vain. Comme un fou, il s'est rendu, enfin, au commissariat de police pour les avertir de la disparition de Khalil. Le samedi 17 octobre. Au moment où les policiers cherchaient l'enfant, son père est rentré rapidement au commissariat, a demandé le chef de la brigade qui se charge de l'affaire et lui a confié : «Quelqu'un m'a téléphoné à deux reprises. Il m'a demandé une rançon de dix mille dirhams pour libérer mon enfant. Sinon, il va le tuer». Khalil est donc encore en vie. C'était important pour les enquêteurs. Mais, ce qui a éveillé les soupçons des enquêteurs n'est autre que la somme de la rançon Mais, qui était à l'autre bout du fil? L'appel était anonyme. Les techniciens des communications sont arrivés à déterminer le numéro de l'appel. Ce qui prouve que l'interlocuteur a caché le numéro avant d'appeler. À qui appartient ce numéro ? Ils n'ont pas pu l'identifier. Car, il semble que l'interlocuteur a mis dans son téléphone une puce qu'il avait achetée sans présenter sa carte d'identité nationale au vendeur. Lundi après-midi, un voisin de la famille de Khalil est venu au commissariat de police pour révéler que «le tailleur, Mourad, est venu me demander le numéro de téléphone de l'oncle maternel de Khalil». Qui est ce Mourad ? C'est un jeune homme de vingt-six ans, originaire de Chichaoua, célibataire, sans antécédents judiciaires, qui occupe une chambre dans un domicile qui n'est séparé de celui qu'occupent les parents de Khalil que par une étroite chaussée. Aussitôt, les policiers se sont dépêchés sur les lieux et sont entrés dans la chambre. Les fouilles leur ont permis de mettre la main sur une grande valise, à l'intérieur de laquelle il y avait un grand sachet en plastique. Et c'est le choc. Le sachet contenait le corps de Khalil, portant des traces de strangulation. Vers 18h du lundi 19 octobre, Mourad est arrêté. Il a avoué son crime tout en précisant qu'il avait abusé de Khalil avant de l'étrangler avec ses deux mains. Par ailleurs, les éléments de la police judiciaire de Hay Hassani-Aïn Chock étaient préoccupés par la découverte du cadavre de Yassine Moussaïd, un écolier de quatorze ans, dans un atelier de tapisserie, situé au lotissement Annassim, quartier Sidi Maârouf Ouled Haddou. Le propriétaire de l'atelier était effrayé de ce qu'il a vu. Qui a commis ce crime monstrueux ? C'est sans aucun doute Mohamed, âgé de dix-neuf ans, originaire d'Imintanout. Il connaissait l'enfant, Yassine, et travaillait dans cet atelier avant sa disparition. Où est-il ? A-t-il rejoint sa famille à Imintanout ? Peut-être. C'est pourquoi les inspecteurs de la PJ de Hay Hassani-Aïn Chok se sont dirigés vers le douar Bouabotte de cette localité de la région de Marrakech. Quelle relation entretenait Mohamed avec la famille de Yassine pour parvenir à un tel crime ? C'était au mois de Ramadan, au quartier Annajah, que le jeune Mohamed avait fait la connaissance de la famille de Yassine. Quand il a commencé à travailler dans cet atelier de tapisserie, cette famille a décidé d'être généreuse avec lui en l'invitant à leur demeure, surtout qu'il vivait seul. Mohamed s'est habitué à cette famille surtout que celle-ci le considérait comme l'un de ses membres. Elle l'accueillait chaleureusement de temps en temps chez elle. Dernièrement, il a déménagé au lotissement Annassim, non loin du quartier Annajah. Et il n'a pas hésité à leur rendre visite. Il demandait à la mère de permettre à Yassine et à sa sœur de l'accompagner à l'atelier pour leur offrir des cadeaux qu'il gardait chez lui. Dimanche 18 octobre. La mère a permis à son enfant d'accompagner Mohamed à l'atelier pour recevoir les cadeaux. Seulement, Yassine n'a plus donné signe de vie. La mère s'est lancée à sa recherche. Mais, elle a été surprise en remarquant que la porte de l'atelier était fermée. Elle a fait appel au propriétaire de l'atelier qui a refusé d'ouvrir arguant qu'il était tard. Le lendemain, lundi 19 octobre. Le propriétaire a remarqué que Mohamed n'avait pas ouvert l'atelier. Pourquoi ? Pour avoir le cœur net, le propriétaire l'a ouvert. Et il est resté immobile à sa place : le cadavre de l'enfant Yassine, presque nu. Quand les policiers sont arrivés à son douar, ils l'ont trouvé chez ses parents. Ils l'ont arrêté et l'ont conduit aux locaux du commissariat de Hay Hassani-Aïn Chock. Il a reconnu avoir conduit l'enfant à l'atelier, l'a obligé de se dévêtir et a abusé de lui. Craignant d'être dénoncé par Yassine à ses parents, il a saisi un oreiller et l'a mis sur son visage. Il ne l'a enlevé qu'une fois l'enfant mort. Et il s'est aussitôt enfui. Chacun des deux mis en cause a été conduit, mardi, dans l'après-midi aux lieux du crime pour la reconstitution avant d'être traduit devant la justice.