Deux sœurs, âgées respectivement de 14 et 12 ans et pensionnaires à la maison de bienfaisance à Oued Zem, retournaient chaque week-end chez leur mère. Mais, elles n'imaginaient pas qu'un supplice sexuel les guettait. Elles sont deux sœurs, Zineb et Jalila. La seconde est à son douzième printemps et la première est son aînée de deux ans. Le destin les a rendues orphelines de père depuis plus d'une dizaine d'années. Dépourvue de la moindre ressource pour subvenir à leurs besoins, leur mère a décidé de tendre sa main pour mendier. Nous sommes au caïdat du village de Hattane, dans la région d'Oued Zem, province de Khouribga. Tout le monde croisait cette femme, accompagnée de deux filles, qui longeait à gauche et à droite les douars et la ville pour demander l'aumône. Mais, au fil du temps, personne ne les voyait toutes les trois. Seule, la mère frappait aux portes pour avoir un peu d'argent. Et ses deux filles ? La mère les a conduites à la maison de bienfaisance de Oued Zem. Elles ont été acceptées. Depuis, elles ne rentraient à la maison que le week-end pour passer les deux jours en compagnie de leur mère. Mais, qu'est-ce qui leur est arrivé, ces derniers jours, pour qu'elles refusent de rejoindre leur mère et passer les quarante-huit heures près d'elle? Pourquoi ont-elles refusé de quitter la maison de bienfaisance ? Le premier week-end, le deuxième et le troisième ? En fait, le directeur de cet établissement de bienfaisance considérait toutes les pensionnaires comme ses propres enfants. Il était toujours proche d'elles et ne laissait rien lui échapper. «Pourquoi vous refusez d'aller chez votre mère ?», leur a-t-il demandé. Les deux sœurs ont gardé le silence. Il a insisté. Aucune réponse. «C'est votre mère qui ne veut plus de vous ?», les a-t-il interrogées. Les larmes coulaient des yeux des deux sœurs, le directeur les consolait tout en leur expliquant qu'elles doivent le considérer comme leur père et qu'elles doivent lui raconter les raisons qui les empêchaient d'aller voir leur mère. «Mohamed abuse de nous», a lâché la fille aînée tout en sanglotant. Qui est Mohamed ? Où abusait-il d'elles ? «Chaque week-end, lorsque notre mère sortait pour mendier, elle nous laissait seules dans la chambre», a raconté Zineb au directeur de la maison de bienfaisance. Zineb a précisé au directeur de l'établissement que Mohamed profitait, à chaque fois, de la sortie de leur mère pour frapper à la porte de la chambre que leur mère avait louée. Quand l'une d'elles ouvrait, il rentrait chez elles pour les conduire vers sa propre chambre. Il les faisait rentrer et verrouillait la porte. Il s'enivrait tout en abusant de l'une d'elles devant les regards de l'autre. Il n'hésitait pas également à les sodomiser atrocement. Il bouchait ses oreilles pour ne pas entendre leurs supplications et les obligeait à obtempérer à ses désirs comme des adultes. Aussitôt, le directeur de la maison de bienfaisance s'est adressé au tribunal de première instance d'Oued Zem et a déposé une plainte auprès du procureur du Roi qui a donné ses instructions pour l'ouverture d'une enquête policière. Les limiers de la police judiciaire de Khouribga ont pris l'affaire en main. D'abord, ils ont conduit les deux sœurs à l'hôpital pour être examinées. Il s'est avéré, selon les certificats médicaux, que Jalila a déjà perdu sa virginité et que sa sœur aînée, Zineb, présentait «des infections internes au niveau de la vulve et des œdèmes au niveau du bassin». Il s'agit de lésions qui ne peuvent être que le résultat d'abus sexuels. Les certificats médicaux en main, les fins limiers de la PJ de Khouribga sont arrivés à arrêter de Mohamed, âgé de trente-six ans, célibataire. Il a avoué avoir abusé violemment des deux sœurs qui restaient seules, chaque week-end, à la chambre. Il a été traduit devant la Cour d'appel de Khouribga, poursuivi pour séquestration sous la menace de l'arme blanche et viol de deux mineures.