Zineb a laissé sa fille mineure chez sa belle-sœur. Elle n'imaginait jamais qu'elle la retrouverait violée et violentée. Sidi Bennour. L'un des jours ensoleillés du mois de juillet. Il était dix heures du matin. Comme par hasard, Zineb ne s'est pas rendue, ce jour-là-, au souk hebdomadaire comme d'habitude. On frappe à sa porte. Elle va ouvrir et reste perplexe devant cette personne qui se tient devant elle comme si elle ne l'avait jamais vue. Elle n'a jamais pensé voir sa fille dans un état lamentable, avec un grand ventre. Nadia, quinze ans, s'est jetée en pleurs dans les bras de sa mère. Ce n'est qu'un quart d'heure plus tard que la langue de Zineb se délie : « Mais qu'est- ce qui t'es arrivé ma fille ?…Tu es enceinte ou quoi ?… n'hésite pas à me dire la vérité… » Nadia s'est efforcée de balbutier, toujours les larmes aux yeux : « Oui maman…je suis enceinte… » Comme si elle avait tiré une balle sur sa mère. Cette dernière a perdu conscience pour quelques secondes. « Et qui t'a fait ça ? », l'a-t-elle interrogée en la prenant entre ses bras. « C'est mon cousin Saïd… », répondit Nadia. Zineb, après avoir mis sa djellaba, s'est dépêchée vers la demeure de sa belle-sœur. « Qu'est-ce que vous avez fait à ma fille ? », lui a-t-elle demandé. « Ce n'est pas mon fils qui lui a fait ça…Elle est tombée enceinte à cause de ses relations amoureuses avec d'autres garçons…Ta fille est une traînée … », lui a-t-elle répondu avec un ton nerveux. Zineb a gardé le mutisme sans rien ajouter. Elle a emmené sa fille au commandement de la gendarmerie Royale. « Je séjourne depuis huit mois chez ma tante paternelle… » a affirmé Nadia au chef de la brigade. Ce dernier a retourné sa tête aussitôt vers la mère pour lui demander : « Et pourquoi tu as confié ta fille à ta belle-sœur et tu ne l'as pas gardée chez toi ? ». « Je passe la journée dans les champs à travailler…Je suis veuve et je vis seule avec elle… je ne peux pas la laisser seule à la maison, elle est encore jeune…c'est pourquoi je l'ai confiée à ma belle-sœur… », a répondu Zineb. Nadia a repris ses déclarations en pleurant : «Après deux mois sans problèmes, un soir en pleine nuit, j'entendis la porte de ma chambre qui s'ouvrait… Quelqu'un s'est approché de moi, il m'a touchée…J'ai essayé de crier…Mais il m'a menacée… C'était la voix de mon cousin Saïd…Il m'a obligée à l'accompagner dans sa chambre…Là, il m'a déshabillée et a commencé à abuser de moi… Quand j'ai commencé à pleurer, il m'a giflée et m'a menacée une fois encore de me tuer… » Depuis, Saïd n'a cessé de l'emmener dans sa chambre pour récidiver. Un mois plus tard, Nadia est tombée enceinte. Sa tante a appris la mauvaise nouvelle. Elle s'est révoltée contre elle et lui a demandé de ne plus sortir. Depuis, Nadia est comme une prisonnière qui ne recevait que les coups et les insultes. Tandis que Saïd, lui, menait sa vie comme s'il n'avait rien commis. Les éléments de la gendarmerie se sont dépêchés à la demeure de Saïd. Ils l'ont conduit à leur siège. « Oui, je l'ai déflorée. Mais elle était consentante …Elle faisait l'amour avec moi de son plein gré… », a-t-il précisé. Est-ce vrai ? Non, répond la chambre criminelle près la cour d'appel d'El Jadida qui l'a condamné à trois ans de prison ferme.