Un chauffeur de grand taxi comparaîtra, le 27 octobre prochain, devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, poursuivi pour enlèvement, séquestration et viol d'une cliente. Si Zineb savait, ce jour du mois d'août, ce que lui dissimulait son destin, elle resterait chez elle. Toutefois, elle a décidé de regagner le centre-ville vers 17 h. Ce n'est pas la première fois qu'elle sort de chez elle à ce moment pour se rendre au centre-ville soit seule, soit en compagnie de sa mère ou l'une de ses sœurs. Elle n'a jamais craint de sortir le soir, à condition qu'elle ne tarde pas en dehors de chez elle. Et ce, parce que les moyens de transport en commun sont disponibles à tout moment, surtout ceux qui passent par leur quartier à destination du centre-ville. Quand elle est sortie de chez elle, elle n'a pas trop attendu pour qu'un grand taxi passe devant elle, transportant un seul voyageur. Sans regarder ni ce dernier ni celui qui était à côté de lui, elle a ouvert la portière arrière et a monté. “Centre-ville“, lance-t-elle au chauffeur. Elle lui a tendu une pièce de cinq dirhams avant de prendre place. Le taxi roulait à vive allure. Et ni elle ni l'autre voyageur n'ont demandé au chauffeur de ralentir la vitesse. Quelques minutes plus tard, le taxi s'est arrêté et le voyageur qui se tenait au siège avant a descendu après avoir payé le chauffeur. Zineb est restée seule avec le conducteur qui a repris son chemin avec la même grande vitesse. Tout à coup, il a changé la direction allant à destination du centre-ville. Où va-t-il ? Change-t-il sa destination normale ? Pourquoi ? A-t-il oublié qu'il a encore une cliente ? “SVP, vous n'allez plus au centre-ville ? Alors laissez-moi descendre“, lui demande-t-elle. Il ne lui a pas répondu et a emprunté le chemin de la route d'Azemmour. “SVP, je veux descendre“, le supplie-t-elle. Il a levé ses yeux vers le rétroviseur pour lui demander de se taire. Pourquoi ? N'est-t-elle pas une cliente qui veut arriver à une destination précise ? “Si tu me demandes encore de descendre, je vais te tuer“, l'a-t-il menacée tout en brandissant un couteau qui était dissimulé sous son siège. Elle a fondu aussitôt en larmes et elle l'a menacé de se jeter en dehors du taxi s'il ne s'arrêtait pas. Sans lui répondre, il a accéléré l'empêchant de la faire. Elle a commencé à le supplier. Mais en vain. Il a brandi une fois encore son couteau et l'a menacée de la tuer si elle ajoute un autre mot. Et il a continué son chemin à grande vitesse ne s'arrêtant qu'une fois arrivé à un terrain vague, dans la périphérie de Casablanca. Elle descendit en pleurant et en le suppliant de la relâcher. Seulement, il ne l'entendait pas. Qu'est-ce qu'il voulait d'elle ? Elle ne savait rien. Il la tirait avec violence. Personne ne passait dans les parages. La route est bel et bien déserte. Elle était seule avec lui. Soudain, ils ont croisé un jeune homme. Elle l'a supplié d'intervenir pour la sauver. Certes, il a demandé au ravisseur de la relâcher. Cependant, ce dernier était cruel. Il l'a menacé de meurtre s'il ne reprenait pas son chemin. Remarquant le couteau saisi par le chauffeur de taxi, le jeune homme est parti sans alerter personne. Le chauffeur de taxi a conduit Zineb jusqu'à sa maison. Là, il lui a ordonné une fois encore de ne pas crier ou demander secours. Perturbée, Zineb a gardé le mutisme. Elle n'a recommencé à le supplier que lorsqu'elle l'a vu en train de se soûler. Seulement, il lui a demandé de se taire et d'obtempérer à ses désirs. Lorsqu'elle a refusé, il l'a giflée. Le lendemain matin. Il l'a transportée à bord de son taxi et l'a emmenée jusqu'à hay Hassani pour lui dire “A bientôt“. Dans un état lamentable, Zineb s'est rendue au commissariat le plus proche d'elle pour alerter la police. Après les indications et les signalements que leur a divulgués la victime, les enquêteurs ont mené des investigations minutieuses soldées par l'identification de l'auteur d'enlèvement, séquestration et viol de Zineb. Il s'agit d'Abdellatif, la trentaine, célibataire. Ce dernier a expliqué aux enquêteurs que Zineb était sa maîtresse depuis belle lurette et qu'elle l'accompagnait de temps en temps chez lui pour faire l'amour. Seulement, les enquêteurs n'ont pas cru à ses déclarations notamment que la plaignante leur a délivré un certificat médical attestant que son corps présente les traces de violence récentes. Pourquoi l'a-t-il violentée et torturée si elle était sa maîtresse ? À cette question, le chauffeur de taxi n'a pas trouvé de réponse convaincante et a craché le morceau, en avouant l'avoir kidnappée, séquestrée et violée.