Pour se venger de la maltraitance dont elle était l'objet, une «petite bonne», mineure, a tenté d'empoisonner toute une famille. Elle comparaîtra, mardi 8 mars, devant la Chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Casablanca. Les parents de Lakbira, mineure, domestique de son état, incarcérée à Casablanca, attendent impatiemment son procès qui sera tiendra le mardi 8 mars prochain, à la Chambre criminelle près la Cour d'appel de la capitale économique. Ils n'auraient jamais pu imaginer que leur unique fille connaîtrait un jour les commissariats de police et les tribunaux. Sinon, ils ne l'auraient pas confiée à ce couple de juges, ayant deux jumeaux : un fils et une fille. C'est chez eux que l'histoire de Lakbira commence. En effet, les deux magistrats n'exercent pas dans la même ville. L'époux travaille au tribunal de première instance de Tan Tan et sa femme dans celui de Sidi Bennour. Cette dernière se charge de ses enfants. En d'autres termes, les deux jumeaux sont installés avec elle à Sidi Bennour. Au fil du temps, elle s'est retrouvée dans l'incapacité de veiller seule sur son foyer. Il était difficile pour elle d'aller à son travail, d'examiner les dossiers, de présider les audiences et de retourner à temps chez elle pour s'occuper de ses deux jumeaux, leur préparer les repas, laver leur linge et suivre leurs études. C'était pénible pour elle au point qu'elle a pensé à chercher une fille qui l'aiderait au moins dans les tâches ménagères. Elle avait fait le maximum pour ne pas recourir à cette solution, mais les circonstances du travail l'y ont contrainte. Un jour, elle s'est adressée à l'une de ses amies et collègue pour l'aider à trouver une fille qui l'aiderait. Quelques jours plus tard, son amie lui a présenté une mineure, âgée de quatorze ans. Il s'agit de Lakbira, fille d'une famille pauvre de Sidi Bennour. Bien accueillie, cette dernière a commencé la besogne, sans problème. Son employeuse la traitait comme ses propres enfants. Seulement, quatre mois plus tard, l'un de ses deux jumeaux, la fille, a contracté une maladie. Le médecin qui l'a examinée n'est pas arrivé à déterminer la maladie. Étrange ! Il a déployé de gros effort pour y arriver. Mais en vain. Une semaine après la maladie, la fille est malheureusement décédée. De quelle maladie était-elle atteinte ? Aucune réponse. Atterrés, les deux magistrats ont décidé d'inhumer leur fille dans leur ville natale, Casablanca. Ils y sont arrivés pour procéder aux funérailles. Après l'avoir inhumée, les deux époux ont décidé de retourner respectivement à Tan Tan et à Sidi Bennour pour reprendre leurs emplois respectifs. Il ne leur reste qu'un seul enfant. En même temps, la mère a également décidé de ne pas emmener avec elle Lakbira et de la laisser chez sa belle-famille à Casablanca. Dix jours plus tard, le couple des magistrats et leur unique enfant ont regagné leur domicile à Casablanca pour y passer un week-end avant de reprendre le travail. Le soir, la mère de la défunte a téléphoné à sa belle-sœur, mère de quatre enfants, et lui a expliqué qu'elle allait envoyer chez elle son fils pour qu'il mange la délicieuse soupe aux légumes qu'elle sait si bien préparer. Seulement, l'enfant n'a rien trouvé chez sa tante. N'avait-elle rien préparé ? Non, elle a préparé la soupe aux légumes. Seulement, en soulevant le couvercle de la marmite pour servir les enfants, elle a remarqué des taches blanches qui lui ont mis la puce à l'oreille. Qu'est-ce que c'est ?, a-t-elle demandé à Lakbira, la seule à se trouver dans la cuisine lors de la préparation de la soupe. «Je ne sais pas», a-t-elle répondu en pleurant. Mais la belle-sœur l'a menacée de l'emmener chez la police si elle ne lui disait pas la vérité. Ayant reçu une paire de gifles plus tard, la jeune fille crache le morceau: «J'ai mis de l'insecticide dans la soupe». Perplexe, la belle-sœur n'a pas su quoi dire. Le destin l'a sauvée, elle, ses quatre enfants et son neveu. Elle a aussitôt téléphoné au couple de magistrats pour leur raconter l'histoire. Les deux époux ont pensé aussitôt à leur fille décédée, il y a quelques jours. Elle aurait pu avoir été empoisonnée. L'idée les a incités à porter plainte auprès des éléments de la police judiciaire de Derb Soltan-El Fida, qui se sont dépêchés pour arrêter la petite bonne. «Pourquoi as-tu tenté de les empoisonner?», lui demande le chef de la brigade. Et sa réponse était tranchante : «Je voulais tuer les quatre enfants d'Aïcha parce que celle-ci me maltraitait souvent».