Mustapha Benhamza estime dans cet entretien qu'en luttant contre le prosélytisme, le Maroc vise la préservation de son unité politique. ALM : Quelles sont les limites de la liberté en matière d'exercice du culte? Mustapha Benhamza : Il faut tout d'abord situer la liberté dans son contexte réel. Il y a liberté lorsque la personne vit dans des conditions décentes et est suffisamment instruite. Les personnes qui sont la principale cible des prosélytes vivent dans l'indigence et l'ignorance. Celles-ci ne peuvent être considérées comme libres. Pour la simple raison qu'elles vivent dans des conditions matérielles lamentables et sont facilement induites en erreur par les prosélytes, qui exploitent leur indigence et leur ignorance et usent de la tentation pour arriver à leur fin. Quel est le lien entre le prosélytisme et la liberté du culte ? Les campagnes de prosélytisme n'ont rien à voir avec la liberté d'exercice du culte chrétien. Les visées des prosélytes sont loin d'être purement religieuses. Les prosélytes mènent leurs campagnes dans les pays d'Afrique et n'ont pas de campagnes similaires et qui soient aussi influentes en Occident. On peut donc parler de visées politiques plutôt que religieuses. Certains font le lien entre l'expulsion de prosélytes et à la décision des autorités suisses d'interdire la construction des minarets. Qu'est-ce que vous en pensez? Cela aurait été valable si le Maroc n'avait pas expulsé par le passé des prosélytes. C'est-à-dire avant la décision des autorités suisses d'interdire la construction des minarets. Le Maroc a toujours lutté contre les campagnes de prosélytisme. Comme je l'ai déjà dit, l'objectif des prosélytes n'est pas religieux mais plutôt politique. La religion et l'appel à la protection des droits des minorités religieuses sont impliqués pour atteindre des visées politiques. En luttant contre les campagnes de prosélytisme, le Maroc vise la préservation de son unité politique.