Théologien, professeur universitaire, acteur associatif et président du Conseil régional des ouléma de l'Oriental, Mustapha Benhamza estime que la Oumma doit tout faire pour préserver son unité. ALM : Les autorités compétentes ont pris des mesures pour lutter contre le prosélytisme chiite. L'unité des Marocains autour du rite sunnite malékite est-elle menacée ? Mustapha Benhamza : Le Maroc est prémuni contre ce type d'égarement religieux et les Marocains ont depuis fort longtemps fait leur choix. Nous sommes des Sunnites malékites avec une jurisprudence prescrite à partir du Coran. Et ce n'est pas la première fois que nous sommes assaillis par de telles mouvances. Je crois que ce qui arrive est une bonne chose. Cela signifie que nous sommes conscients de ce qui menace la Oumma. Le Chiisme n'a pas d'avenir au Maroc pour la simple raison qu'il ne fait pas partie de notre référentiel de base. Ses manifestations actuelles et ses mécanismes de mise en œuvre ne lui permettent pas de perdurer. Le prosélytisme chiite ne pourra jamais prospérer au Maroc. Aussi, les gens sont en quête d'idées qui les aident à vivre dans un cadre serein de croyance. Le Maroc a déjà connu, au cours de son histoire, des tentatives d'intrusion de plusieurs courants tels que les Mouaâtazilas, les chiites et autres, mais ils n'ont jamais réussi à trouver une place dans notre pays. Selon vous, quelles sont les raisons qui ont fait que des courants étrangers à notre culture puissent s'infiltrer au Maroc ? Lorsqu'on relègue la Qaraouiyine à un rôle secondaire alors qu'elle a de tout temps formé des ouléma qui ont su préserver l'unité doctrinale de notre pays. Lorsqu'on sème la culture du doute dans l'esprit des jeunes et qu'ils commencent à croire tout ce qui nous vient de l'extérieur, il faut s'attendre à des déviations de parcours. Heureusement que, maintenant, on a compris cela, et on est en train d'y remédier et de rebâtir l'avenir sur de solides bases. Le socle protecteur, c'est ce qu'on propose comme pratique religieuse aux gens. La Charia est une loi juridique à inculquer dans sa globalité, sachant que la protection de la croyance est une affaire de tous. Elle l'a toujours été. Comment consolider cette unanimité autour du rite malékite ? On ne peut se prémunir sans un enseignement de qualité et des médias responsables. La Oumma est un ensemble de valeurs partagées et pas de simples conduites personnelles. Expliquer aux jeunes que le fiqh malékite, qui a commencé à Médine, s'est consolidé au Maroc et il a été préservé grâce aux Marocains. On fait partie intégrante du rite malékite grâce à nos écrits et à nos efforts d'interprétation et de l'Ijtihad. L'école marocaine en la matière n'est pas née de la dernière pluie. Ceci dit, le danger arrive lorsque les affaires religieuses ne sont pas entre les mains des spécialistes. Quand on laisse la voie libre pour que tout un chacun commente, explique et sermonne à sa guise, il faut s'attendre au schisme (Fitna). Ne pensez-vous pas que certains prêchent le chiisme pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la religion ? Certes il y a des puissances et des courants qui cherchent à déstabiliser la société pour faire passer leurs idées et défendre leurs intérêts. D'autres tentent de nous faire plier face à des leaderships religieux alors qu'ils ignorent même les rudiments de base de la Charia. Le travail que nous réalisons au niveau des lieux de culte en tablant sur le savoir-faire et la compétence des imams des mosquées est rassurant.