Cinq universitaires ont animé devant un parterre de 300 participants un colloque national sur le rôle de la société civile dans la consolidation des valeurs civiques. Dans le cadre de ses activités socioculturelles, l'Espace de formation et d'animation du tissu associatif de l'Oriental a organisé, samedi dernier, au profit des représentants d'une centaine d'associations, un colloque national sous le thème : « Le rôle de la société civile dans la consolidation des valeurs civiques». Cinq spécialistes dans les domaines : religieux (Mustapha Benhamza, président du Conseil régional des ouléma de l'Oriental), sociologique (Samir Boudinar, directeur du Centre des études et recherches en sciences humaines et sociales), en journalisme (Younes Moujahid, secrétaire général du Syndicat national de la presse marocaine), en droit (Abdelhak Janati Idrissi, docteur universitaire et spécialiste en droit) et en politologie (Mohammed Darif, politologue et professeur universitaire), se sont succédé pour décortiquer les tenants et aboutissants des concepts débattus. Dans leur note de présentation, les organisateurs ont précisé que ce colloque se veut «l'émanation d'une approche stratégique visant la sensibilisation, l'édification et la consolidation des valeurs civiques au sein de toutes les composantes de la société civile». C'est à quoi se sont convenus les différents intervenants lors du débat qui a suivi les exposés de cadrage. Des interrogations qui ont focalisé sur la nécessité de distinguer entre citoyenneté et société civile tout en contournant l'évolution historique de la terminologie. Il fallait aussi répondre à des interrogations sur l'émanation et l'histoire de la citoyenneté au Maroc. Sur le plan juridique, le docteur Abdelhak Janati Idrissi, de la Faculté de droit d'Oujda, a insisté sur le fait que la citoyenneté est d'abord l'appartenance et l'allégeance d'un individu à un Etat avec tout ce que cela implique comme droits d'un côté et devoirs de l'autre. «Le citoyen n'est pas nécessairement celui qui porte la nationalité d'un Etat», a t-il précisé. Et d'ajouter pour ALM: «j'étais ramené à préciser juridiquement les concepts de nationalité, citoyenneté, patriotisme et autres aspects identitaires. Certes ces notions ont des points en commun seulement il faut les nuancer car la citoyenneté est essentiellement l'allégeance à un Etat plus qu'à d'autres allégeances à vocation tribale, ethnique, identitaire ou religieuse». Au fait, l'émergence de la société civile est une réalité qui prend de plus en plus de l'ampleur. «Elle concerne l'ensemble des acteurs actifs de la société qui mènent des actions de solidarité, de sensibilisation et de défense des droits», a, de sa part, noté le sociologue Samir Boudinar tout en précisant : «quatre fondements sont indispensables pour se considérer comme citoyen: appartenir à un pays et une nation, jouir des droits, partager des responsabilités et partager une identité commune avec ses concitoyens». Quant à Mustapha Benhamza, il a rappelé que c'est la solidarité harmonieuse entre les différentes composantes de la société musulmane qui a contribué à cimenter les rapports sociaux de la Oumma. «Depuis que l'individu musulman s'est arc-bouté sur lui-même et a relégué au second rang ses engagements moraux et sociaux, il a porté préjudice aux valeurs partagées de la Oumma», a-t-il fait savoir.