Le SG de RSF, Jean-François Julliard, a considéré «scandaleux» le fait qu'aucun représentant des chancelleries européennes ne soit présent au procès du journaliste Taoufik Ben Brik. Reporters sans frontières (RSF) a regretté l'absence de diplomates européens lors du procès du journaliste dissident tunisien Taoufik Ben Brik qui s'est ouvert, jeudi dernier, au palais de justice de Tunis et dont le verdict a été repoussé au 26 novembre. «Il est absolument scandaleux qu'aucun représentant des chancelleries européennes n'ait daigné être présent aujourd'hui au procès», s'est indigné dans un communiqué le secrétaire général de RSF, Jean-François Julliard, qui était présent au procès. Saluant l'attitude du ministre belge des Affaires étrangères Yves Leterme, qui a «réagi clairement et courageusement, tandis que son homologue français Bernard Kouchner se limitait à des déclarations timides», M. Julliard estime que «la présence de diplomates aurait constitué un geste fort pour signifier aux autorités tunisiennes que la communauté internationale est attentive». Une délégation d'observateurs internationaux, composée de la députée européenne Hélène Flautre, de Jean-François Julliard et de l'avocat William Bourdon, était présente, jeudi, au palais de justice de Tunis. Selon RSF, trois membres de la famille de Taoufik Ben Brik ont également pu assister au procès. Toutefois, ajoute l'organisation de défense de la liberté de la presse, «les journalistes tunisiens et les militants des droits de l'Homme, dont Sihem Ben Sedrine, ont été refoulés à l'entrée». Par ailleurs, une équipe de télévision de France 3 s'est également vue interdire l'accès au tribunal, alors même que les journalistes s'étaient enregistrés auprès de l'ACTE, (l'Agence tunisienne de communication extérieure). Arrêté le 29 octobre dernier, à la suite d'une altercation avec une femme, Taoufik Ben Brik a été placé sous mandat de dépôt pour atteinte aux bonnes mœurs, diffamation, agression et détérioration des biens d'autrui. Il risque jusqu'à cinq ans de prison ferme. Par ce procès, les autorités tunisiennes lui font payer ses articles pour le «Nouvel Observateur» et le site «Mediapart», précise Reporters sans frontières. Rappelons que la Tunisie avait réitéré son refus de toute «ingérence» dans ses affaires intérieures, en réaction aux propos du ministre français des Affaires étrangères, qui s'est dit «déçu» par les arrestations de journalistes dans le pays. «La Tunisie, farouchement attachée au respect de sa souveraineté, rejette avec vigueur toute ingérence étrangère dans ses affaires intérieures», soulignait un communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères. Ce ministère décrit les déclarations du ministre français «comme une forme d'ingérence inacceptable», affirmant qu'en tant que «membre d'un gouvernement étranger, même ami, il n'a pas à s'ériger publiquement en juge ou en censeur d'un autre pays».