Pour Jean-Marie Messier, la crise mondiale n'est pas encore finie. Pour s'en sortir, il propose de créer un régulateur mondial des marchés financiers et de limiter le virtuel. «La crise n'est pas encore finie. Je ne suis pas sûr que la reprise est devant nous». Invité à l'occasion du lancement de la nouvelle édition des «500 plus grandes entreprises» d'Economie et Entreprises, vendredi 16 octobre, à Casablanca, Jean-Marie Messier reste sceptique quant à une relance de l'économie mondiale. Dix mois après la sortie du «Le jour où le ciel nous est tombé sur la tête», cet ancien P-dg de Vivendi, jugé actuellement à New York pour fraude comptable à la tête de ce groupe, s'est arrêté sur la genèse de la crise financière et du tsunami économique. «Le jour où le ciel nous est tombé sur la tête» le lundi 15 septembre 2008 quand la prestigieuse banque d'investissement américaine Lehman Brothers a fait faillite. Une année après, Jean-Marie Messier revient à la charge. Tout en traçant l'itinéraire d'une implosion annoncée du capitalisme, ce banquier d'affaires a donné des solutions. «Comment s'en sortir ? Il faut revenir aux bons sens. Il faut faire marcher le monde à l'endroit !», lance-t-il. «Il ne faut pas mollir dans la correction des excès. Pour les banques, il faut prévoir en plus des bonus, des malus. Et les bonus doivent être étalés sur plusieurs années. Il faut aussi obliger les banques à garder une partie des risques qu'elles prennent. Il est temps d'avoir un régulateur mondial et de limiter le virtuel», ajoute-t-il. «Au Maroc, l'impact de la crise n'a pas été ressenti de la même manière qu'ailleurs. Pourquoi ? Parce que le virtuel est limité ! On ne vend que ce qu'on a. Dans le marché financier marocain, on vend au comptant», souligne M. Messier. «Pour sortir de la crise, il faut aussi savoir utiliser l'argent public. Aujourd'hui, les Etats dépensent beaucoup d'argent, mais endettent les générations futures. Je suggère qu'il faut plutôt investir dans l'éducation, les énergies renouvelables et le numérique. Chose que le Maroc a lancée, il y a tout juste quelques jours», indique M. Messier. En substance, il suggère d'inventer un capitalisme bien tempéré avec trois mots d'ordre: éthique, responsabilité et bon sens. Jean-Marie Messier est aujourd'hui à la tête de sa propre société, Messier et Associés. Pour les années à venir, il ne cache pas son intention d'ouvrir un bureau à Casablanca ou à Marrakech. Il dit avoir une affection et du plaisir vis-à-vis du Maroc. «Maroc Telecom est une formidable réussite» Jean-Marie Messier avait chapeauté deux opérations d'investissement au Maroc : Veolia à Tanger et Vivendi à Maroc Telecom. «Huit ans après, je peux dire que Maroc Telecom est une formidable réussite. Il est parmi les actifs les plus solides de Vivendi», souligne-t-il. «Au début, on avait relevé deux risques. À l'époque, le Maroc n'était pas un pays assez développé en matière de télécoms. Il y avait aussi le risque d'un éventuel choc entre deux cultures. Mais, Abdessalam Ahizoune a réussi de les rapprocher», raconte-t-il. Rappelons que le 20 février 2001, Vivendi a acquis 35% du capital de Maroc Telecom. Le 18 novembre 2004, le Maroc et Vivendi ont conclu un accord portant sur la vente de 16% du capital de Maroc Telecom. Cet accord a permis à Vivendi de porter sa participation de 35% à 51% et de pérenniser sa prise de contrôle. En décembre 2007, au terme d'un échange d'actions avec la CDG, Vivendi a acquis 2% supplémentaires, portant ainsi sa participation à 53%.