Quelle que soit la raison, l'histoire de Caïn et Abel se reproduit souvent sur notre planète. La dernière, à Casablanca, remonte à la deuxième semaine du mois courant. Nous sommes au commissariat de la sûreté de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ, à Casablanca. Vers 3 h du matin du samedi 15 août, le téléphone sonne à la salle de trafic. Qui est à l'autre bout du fil ? Le médecin-chef de l'hôpital Mohammed V, à Hay Mohammadi est à l'appareil. Il annonce la mort d'un jeune homme qui est encore à bord de l'ambulance de la protection civile. Les limiers de la police judiciaire qui assurent la permanence se dépêchent sur les lieux. Ils ont remarqué l'ambulance qui est garée à l'entrée de l'hôpital. À son bord, le corps d'un jeune homme sans âme présentant une grave blessure à sa hanche droite. Qui lui a causé cette blessure ? «Moi, mais sans avoir l'intention de le blesser», balbutie un jeune homme qui vient se présenter devant le chef de la brigade. Celui-ci le fixe attentivement avant de le menotter et le conduire vers le fourgon de la police. Visage pâle et yeux hagards, le jeune homme, âgé de vingt-sept ans, n'arrive pas à retenir ses larmes tout en répétant une seule phrase : «Je n'avais pas l'intention de tuer mon frère». Son frère ? Les limiers scrutent le jeune homme tout en le laissant pleurer et sans le marteler de questions. Lorsqu'il s'est calmé, le chef de la brigade lui demande le mobile de son crime. Dès le décès de leurs parents, il y a plus de deux ans, les deux frères, le meurtrier, I. G et le défunt, A. G, ainsi que leurs deux autres frères et l'unique sœur mariée vivaient ensemble sous le même toit au quartier Sidi Moumen. Chacun se débrouillait pour gagner sa vie, à l'exception de A. G, qui se plongeait dans le monde de la drogue. Sans profession, encore célibataire, il passait sa journée à la rue, en compagnie de plusieurs autres voyous du quartier, à se droguer. Ses frères, son unique sœur et son beau-frère lui demandaient à chaque fois d'abandonner la drogue et de chercher un emploi lui permettant de gagner dignement sa vie. Malheureusement, il ne les écoute jamais. Sous l'effet de la drogue, il est rentré chez lui ce samedi 15 août, en insultant ses frères et en criant. Son frère, I. G, agent de sécurité, lui reprochait de veiller tard dans la rue. Mais A.G s'est abstenu de lui répondre. Pire encore, il a saisi un couteau et a tenté de le poignarder. Il est parvenu effectivement à le blesser au niveau de son bras et des doigts de sa main droite. Tout d'un coup, I.G est arrivé à lui arracher le couteau et sans avoir l'intention de le tuer, il lui a donné un coup au niveau de sa hanche droite. Quand A. G a perdu connaissance, son frère, I. G a appelé le 15. Quand l'ambulance est arrivée à l'entrée de l'hôpital, A. G a rendu l'âme. Et I.G a été traduit, lundi 17 août, devant la Cour d'appel.