La cession des participations de l'Etat est indispensable pour un déficit budgétaire de 3%. Environ 12 milliards de dirhams seront nécessaires cette année pour maintenir le ratio à un niveau acceptable. Ce n'est pas encore gagné. Attribution de la seconde licence GSM, cession à Vivendi de 35% du Capital de Maroc Telecom et, dernièrement, privatisation de la Régie des Tabacs. Ces trois opérations phares ont rapporté au Maroc 48 milliards de dirhams, soit environ le tiers des prévisions de recettes inscrites dans la loi de Finances 2004. Si les grandes instances internationales ont salué unanimement la réussite de ces opérations, en revanche elles ont été assez circonspectes sur la budgétisation systématique de cette manne. Une controverse a d'ailleurs vite rattrapé l'approche de la politique budgétaire au Maroc. Entre la solution prudentielle de Fatallah Oualalou, préconisant un déficit faible et celle, moins conventionnelle, défendue un certain temps par Habib Malki (Centre marocain de conjoncture), beaucoup d'encre a coulé. Aujourd'hui, le débat évolue et pose un nouveau problème : la nature même du déficit budgétaire, apparent ou caché, en tenant compte ou pas des recettes exceptionnelles et des 4 milliards prévus en 2004 pour le Fonds Hassan II. D'une extrême à l'autre, on se retrouve avec un ratio qui évolue de 3 à 6%, preuve que la géométrie du déficit est des plus élastiques. Pour cette année, rien n'a changé. Les chiffres sont têtus. Le déficit budgétaire du Maroc dépendra en grande partie de la cession de 16% de Maroc Télécoms et de la privatisation dans la filière sucrière. En tout, plus de 12 milliards de dirhams sont attendus au niveau du poste du produit des cessions de participations de l'Etat. C'est indispensable pour maintenir le déficit à un niveau de 3% et ne pas retomber dans la situation macro-économique allant de l'après-choc pétrolier de 1973 à la mise en place de la politique d'ajustement structurel dans les années 80. Dans la lettre de présentation de la Loi de Finances 2004, ce taux de 3% est présenté comme la limite maximale qu'il ne faut pas dépasser afin d'assurer «la pérennité de la croissance économique et sociale et consolider la crédibilité de la politique gouvernementale dans ce domaine vis-à-vis des partenaires à l'intérieur et à l'étranger ». Seulement, si l'on s'en tient aux confidences ébruitées par l'agence Reuters, le déficit est depuis longtemps sur la ligne des 6%. Ce qui fait dire aux spécialistes que le Maroc n'a gagné si sur la bataille de l'orthodoxie financière, ni sur celle de la croissance du PIB. Conséquence des années du gel des investissements publics créateurs d'emplois : le recul du Maroc sur le social. L'amélioration risque de ne pas intervenir cette année, comme le montre la faiblesse du budget accordé à des secteurs-clés comme la Santé (5,49 milliards dont plus de 4 milliards pour les dépenses du personnel et d'équipements), l'Enseignement supérieur (4,2 milliards avec moins de 1 milliard pour l'investissement). Une chose est claire, le déficit à 3%, reste un luxe socialement coûteux. D'autant que, d'un autre côté, la croissance du PIB hors agricole reste encore faible. La seule bataille remportée par l'équipe Oualalou serait donc à rechercher sur le terrain de la dette extérieure ramenée aujourd'hui à 12 milliards de dollars. Une performance qu'il ne faut surtout pas relier au niveau de la dette intérieure ou du paiement des intérêts de la dette, toujours incompressibles. Bref, pourvu qu'on trouve, en 2004, de nouveaux acquéreurs pour les bijoux de famille. S'il en reste !