Une série de réunions informelles auront lieu prochainement entre les parties au conflit. Celles-ci s'inscrivent dans le cadre de la nouvelle démarche de Christopher Ross. Les quatre rounds de négociations de Manhasset entre les parties au conflit ont débouché sur l'impasse. Le nouvel émissaire onusien pour le Sahara, Christopher Ross, a adopté une nouvelle démarche. Il s'agit de la tenue d'une série de réunions informelles entre les parties au conflit tel que prévu par la résolution 1871 adoptée le 2 mai dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU. L'objectif du diplomate américain est clair. M. Ross entend mettre de côté provisoirement le formalisme des textes du droit international afin de permettre aux parties de discuter du fond du problème dans un cadre plus souple et sans règles précises. Selon M. Ross, ces réunions «apporteront une contribution importante à la recherche d'une solution au conflit qui dure déjà depuis trop longtemps et qui entrave le travail qui doit être fait au niveau de l'intégration régionale». Christopher Ross ambitionne par ailleurs de permettre aux parties d'aller aux négociations officielles sans conditions préalables. «L'objectif des réunions informelles est de construire les ponts d'entente entre les parties avant d'avancer les discussions sur les différents dossiers. C'est une démarche licite qui a pour objectif de brûler les étapes en perspective du prochain round de Manhasset», explique Mustapha Naïmi, professeur universitaire et membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS). Selon ce spécialiste de la question du Sahara, le cadre officiel des négociations de Manhasset n'a pas abouti en raison de la rigidité des lois internationales. «Parmi les raisons qui expliquent le blocage qui a marqué Manhasset I, II, III et IV figure la rigidité de la procédure régissant les négociations officielles. Ce cadre est régi par les lois internationales et l'implication de plusieurs institutions onusiennes. Vu l'intervention de plusieurs instances internationales, les parties aux négociations étaient obligées de nuancer leurs positions, sans toutefois toucher au fond du problème. Ainsi le cadre officiel n'a pas fait avancé les choses», ajoute-t-il. Dans le cadre de sa deuxième tournée maghrébine, Christopher Ross a déclaré depuis Rabat l'imminence de la tenue de la première rencontre sans toutefois préciser ni la date ni le lieu. Ceci étant, certains observateurs ont parlé de l'intervention d'un certain nombre d'Etats dans le dossier, notamment la Libye et le Qatar. Des Etats qui entretiennent de bonnes relations avec les diverses parties au conflit et qui pourraient ainsi accueillir les réunions informelles. «La date et le lieu de la tenue des réunions informelles n'ont pas d'importance. L'informel c'est l'informel. Il n'est tenu ni par la date ni par le lieu ni même par un ordre du jour clairement défini. Et c'est de là que naît la possibilité de concrétiser le débat sur les questions profondes du dossier», explique M. Naïmi. Selon un autre membre du CORCAS, Abdelmajid Belghazal, la question de la tenue des réunions informelles peut être perçue d'un autre point de vue. «L'appel de Christopher Ross à la tenue de réunions informelles est perceptible à partir de deux angles différents. Du point de vue méthodologique, il s'agit d'une bonne démarche car le règlement d'un nombre important de différends régionaux a été lié à la tenue de réunions informelles. Ce type de réunions permet une large marge de manœuvre et permet d'éviter les complications. Ceci dit et du point de vue du principe même, les réunions informelles posent un problème. Je pense qu'il s'agit d'une remise en cause de tout ce qui a été réalisé dans le dossier jusqu'à présent. On tient quatre rounds de négociations officielles et on revient à la case départ par la tenue des réunions officielles. Ceci est en contradiction flagrante avec le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara qui a appelé les parties à prendre en considération la résolution 1813 du Conseil de sécurité. Je pense qu'il s'agit là d'un alignement vers la thèse séparatiste», a souligné M. Belghazal. Depuis juin 2007, des délégations du Maroc, du Polisario, de l'Algérie et de la Mauritanie ont pris part, à Manhasset, à quatre rounds de négociations sur le Sahara en présence de l'ancien envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies, Peter Van Walsum. Pour rappel, M. Ross avait clôturé sa deuxième tournée maghrébine par une visite au Maroc. Une tournée qui l'a conduit à Alger, à Tindouf, à Nouakchott, puis à Rabat. Lors de cette visite, l'émissaire onusien s'était entretenu séparément avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, et le président du CORCAS, Khelli-Henna Ould Errachid.