Il vient quémander la solidarité pour l'horreur. Ce n'est pas sérieux. Et immoral. L'unité arabe est un marché de dupes. Idée chimérique et désir bancal, cette unité n'en finit pas de se faire attendre. Plus les sommets avancent, plus recule l'idée. Ces réunions ne sont plus que les avatars de cet horizon inatteignable. Elles se muent, chaque fois qu'ils se tiennent, en un bout d'une longue oraison funèbre. Fausse belle idée, elle est à chaque fois mise à mal et enlaidie par l'interminable incurie de cette Ligue abonnée à la bérézina. 21 sommets, pour 22 nations, qui constituent autant de décharges d'intentions avortées. La commedia dell'arte qui se joue entre ces nations arabes n'amuse plus personne. Le sommet de Doha, tenu cette semaine, ne fait pas exception tant le tragique s'est disputé avec la bouffonnerie. La montagne arabe n'accouche même pas de souris. Elle est stérile. Il y en a un, en tous les cas, qui doit s'esclaffer, en se tordant de rire et en frottant les mains, suite à ce sommet, c'est Benjamin Netanyahu. Il y a trois raisons à cela. 1. Le vrai triomphe de la sale guerre de Gaza, ce n'est pas la puissance disproportionnée de l'offensive militaire israélienne contre la bande et sa population civile. La victoire, la vraie, c'est la bonification des querelles interarabes survenues au lendemain de cette bataille. Il y a aujourd'hui au minimum deux camps : Ceux qui soutiennent le Hamas. Ceux qui sont pour le Fatah. Le boycott de l'Egypte trouve ici sa source. De plus, l'absence des chefs d'Etat d'Algérie, du Maroc et d'Oman aggrave la défiance par rapport à ce type de cérémonie. 2. Le sommet fut littéralement phagocyté par la présence du président soudanais Omar El-Béchir. Ce type est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, cet enfer terrestre. Il vient quémander la solidarité pour l'horreur. Ce n'est pas sérieux. Et immoral. Non seulement il a eu droit à un discours prononcé lors de la séance d'ouverture. Mais il est reparti avec la solidarité de ses pairs. Où va-t-on ? 3. Last but not least, il y a les frasques de Kadhafi. Plus il avance dans l'âge, plus son côté gougnafier prend le dessus. Désormais spécialiste des coups d'éclats, rien n'est plus sacrilège pour lui qui décline un cv guignolesque et tragique «Je suis, dit-il, un dirigeant international, le doyen des chefs arabes, le roi des rois d'Afrique et l'imam des musulmans, et mon statut international ne me permet pas de m'abaisser…». C'est vrai qu'on ne peut aller plus bas que terre. Et on commence à peine avec ses pitreries tant cette année, il sera présent sur la scène internationale : Duran II à Genève, le G8 en Italie, l'ONU en septembre.