En manque de souffle, l'Etat veut attirer les promoteurs immobiliers vers le logement économique avec du foncier pas cher et des conditions moins draconiennes. Le Fonds de garantie pour les revenus irréguliers et modestes s'essouffle. En 2008, le nombre total des prêts accordés au titre du Fogarim s'est élevé à 15.153 prêts en 2008, soit une moyenne mensuelle de 1.263 prêts. Une moyenne qui s'inscrit en léger recul par rapport à l'année 2007 où l'on a enregistré 15.553 prêts. «C'est un essoufflement normal !», tempère Taoufiq Hejira, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'espace qui qualifie «ce recul de mathématique». «Ce fonds repose sur trois catégories : les logements à 200.000 DH, le programme Villes sans bidonvilles (VSB) et l'auto-construction. Et c'est la première catégorie qui constitue la majorité du Fogarim. Il se trouve que ce logement a disparu du marché. Ce recul est donc normal», explique-t-il. Pour donner un nouveau souffle au Fogarim, l'Etat veut attirer les promoteurs immobiliers avec du foncier pas cher et des conditions moins draconiennes. Ainsi, le tiers de l'assiette foncière publique de 3.853 hectares, sujet d'une convention signée, lundi 16 février, à Fès, devant SM le Roi Mohammed VI, sera réservé pour les logements à 200.000 DH. Cela suffira-t-il pour produire un logement à ce prix-là avec la hausse et la cherté des matières de construction et la rareté de la main-d'œuvre ? Pour rendre les logements à 200.000 DH faisables, l'Etat se penche sur la révision des conditions minimales d'habitabilité. Autrement dit, au lieu de livrer un appartement avec trois couches de peintures deux suffiront. Et au lieu d'équiper toutes les pièces de portes, le promoteur se contentera de la porte principale et de la porte des toilettes. Des mesures susceptibles de séduire les promoteurs immobiliers qui n'ont pas signé une seule convention avec l'Etat au cours de ces deux dernières années. À fin 2008, près de 45.000 ménages, répartis dans 147 villes et localités du Royaume, ont pu accéder à la propriété de leur logement grâce à la garantie du Fogarim. Ce qui correspond à un montant global de prêts d'environ 6,5 milliards DH depuis le lancement de ce fonds de garantie. Le rythme de la production a enregistré une certaine accélération jusqu'au mois d'août pour se situer autour d'une moyenne mensuelle de près de 1.480 dossiers avant de reculer sur les quatre derniers mois de l'année en affichant une moyenne mensuelle de 830 dossiers. Dans le rapport annuel sur le Fogarim établi par la direction du Trésor et des Finances extérieures du ministère de l'Economie et des Finances, on signale une baisse relative de la production du Fonds (hors programme VSB-Témara) observée dès mars 2008 et qui a coïncidé avec l'arrêt, de la part de Wafa Immobilier, de l'octroi de prêts dans le cadre du Fogarim. Dans ce rapport annuel sur ce fonds de garantie, on révèle aussi une prédominance de Casablanca. La répartition géographique de ces prêts demeure marquée par une prédominance de cette ville qui détient, à fin décembre 2008, une part de 38% du total des prêts suivie de Fès avec 10%, Témara avec 9% et Meknès avec 6%. Dans ce rapport, on note également une régression de la production du Fogarim à Casablanca de près de 25% en passant de 5.383 prêts en 2007 à 4.065 prêts en 2008. «Vu la taille du pôle urbain de Casablanca et la présence d'habitat insalubre et de bidonvilles, cette ville devrait continuer à occuper une part importante de la production du Fogarim», affirme-t-on dans ce rapport. Pour le financement, le marché du Fogarim reste dominé par trois banques. En 2008, 91% de la production du Fonds ont été assurées par le CIH, la BCP et BMCE Bank alors que ces banques n'ont réalisé que 66% de la production en 2007. «Cette évolution est en relation avec le retrait quasi définitif de Wafa immobilier du marché du Fogarim à partir de mars 2008. En effet, la part de la production attribuée à Wafa immobilier qui se situait à plus de 30% en 2007 a chuté pour devenir quasiment nulle à partir du mois de mars 2008», explique-t-on dans ce rapport. La répartition de la production du Fogarim par banque en 2008 montre que le CIH arrive en tête du palmarès avec une part de 48% (contre 23% en 2007), suivi de la BCP avec 26% (contre 21% en 2007) et la BMCE Bank avec 17% (contre 22% en 2007). La performance du CIH s'explique particulièrement par l'importance de sa part au titre du programme VSB-Témara et qui a porté sur près de 17% de la production totale du Fonds en 2008, selon la même source. Au cours de l'année précédente, 50% des logements financés avaient un coût de plus de 186.000 DH dont plus de la moitié à 200.000 DH. Dans ce rapport, on indique que, sur la période mars-septembre 2008, et sous l'effet du financement du programme VSB-Témara, les prix d'acquisitions ont été relativement bas à 108.000 DH. S'agissant de la répartition des bénéficiaires par genre, elle fait apparaître une importance relative de la part des hommes par rapport à celle des femmes. La part des hommes s'est légèrement améliorée en 2008 comparée à 2007 en passant de 55 à 58%. 50 % des mensualités à moins de 1.000 DH La mensualité moyenne des prêts Fogarim a connu une hausse sensible en 2005 en relation avec le relèvement du plafond autorisé de 1.000 à 1.500 DH pour se stabiliser autour de 1.100 DH sur la période 2006-2007 avant de baisser en 2008 à près de 950 DH en raison de l'accroissement de la part des prêts au programme VSB. En 2008, 50% des prêts ont été accordés à des mensualités de moins de 1.000 DH dont la moitié à moins de 750 DH.