Condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour inceste, Mohamed, quadragénaire, continue à justifier son acte immoral en évoquant qu'il l'avait commis sous l'emprise d'esprits maléfiques. La Chambre criminelle près la Cour d'appel de Beni Mellal. Les yeux hagards, Mohamed, quadragénaire, se tient devant les cinq juges. “Tu es accusé de viol sur ta progéniture“, lui rappelle le président de la cour. Un brouhaha passe entre l'assistance qui exprime son étonnement comme si elle n'a jamais entendu parler d'un telle accusation. Mohammed garde le silence comme s'il n'a rien entendu. Le président insiste sur l'interrogation. “Je ne savais pas ce que je faisais Mr le président“, balbutie-t-il sur un ton de regret. Comment ? s'interroge le président de la cour. La question est sans doute légitime. “Une voix lointaine m'incitait à le faire…Je sais que est illicite…“, répond-il à voix basse. Barbu, vêtu d'un tricot gris et un pantalon bleu-jean's, Mohamed n'arrive pas à échanger les regards avec le président de la cour qui relate le contenu du procès-verbal. Né en 1961 à Aït Oukabli, province d'Azilal, Mohamed a passé quatre ans à l'école avant de la quitter de son plein grès. Depuis, il a commencé à aider son père dans l'agriculture jusqu'à son adolescence. Il a pensé quitter son douar vers la ville. Sa première destination était Casablanca où des jeunes de son douar séjournent depuis une dizaine d'années. Ils l'ont aidé à avoir un job dans des chantiers de construction. Au fil des années, il ne veut plus y rester. Il pensait retourner à son douar pour se marier et y rester pour gagner sa vie. Effectivement, il y est retourné et s'est marié avec Fatima. Elle avait seize ans et il en avait vingt et un. Au fil des mois, il a pensé quitter une fois encore le douar pour chercher un job lui permettant d'avoir de quoi subvenir à son foyer qui a été égayé d'une mignonne. Le choix cette fois a ciblé la ville de Beni Mellal. Mohamed, sa femme et sa petite fille, Khadija, déménagent. Sept ans plus tard, Khadija rentre à l'école, commence à apprendre à lire et à écrire. D'une année à l'autre, elle grandit comme une fleur au point qu'elle arrive à séduire les jeunes adolescents de son quartier. Mais, elle ne répond aux désirs de personne. Bref, elle est bien éduquée. Khadija était seule en compagnie de son père à la maison. C'était un dimanche. Sa mère s'est rendue chez sa cousine. Khadija apprenait ses leçons quand son père qui était dans une autre chambre vient vers elle, lui demander de sortir lui acheter un paquet de cigarettes. Quand elle est retournée à la maison, elle a trouvé son père dans la chambre à coucher. Khadija est rentré pour lui tendre le paquet. Son père l'a tenue par la main et l'a attirée vers lui. Khadija est surprise, elle ne savait quoi faire ni quoi veut dire, ni ce que son père voulait d'elle. Comme un monstre, Mohamed l'a déshabillée. Khadija a tenté de crier, de demander secours. Mais chez qui doit-elle se réfugier ? Personne n'est à la maison. Elle a fondu en larmes et a obtempéré aux désirs de Mohamed. Depuis, il n'a pas cessé à la solliciter dans son lit à chaque fois que son épouse est absente. L'état de santé de la fille a commencé, depuis, à se détériorer. Sa mère l'a remarqué et a insisté de savoir la réalité. Quelques mois plus tard, la langue de la fille s'est déliée pour divulguer son drame à sa mère. Hors d'elle, cette dernière n'a rien reproché à son époux. Elle a gardé le mutisme avant de conduire sa fille devant la justice. Arrêté, Mohamed a reconnu avoir abusé sexuellement de sa fille. “Mais sur la demande des esprits“, explique-t-il aux enquêteurs. C'est la même réponse qu'elle a évoquée à la cour qui a fini à le condamner à 15 ans de réclusion criminelle.