Les examens de la session d'automne ont été annulés à la Faculté de Droit de Fès en raison de troubles orchestrés par des étudiants gauchistes. Sarghini Farssi, doyen de cette Faculté, explique les tenants et aboutissants de ce développement. ALM : La Faculté des sciences juridiques de Fès est le théâtre de heurts entre étudiants gauchistes et forces de l'ordre. Qu'est-ce qui explique ce fâcheux développement ? Sarghini Farssi : Tout a commencé le 12 février 2009, quand une minorité d'étudiants gauchistes ont empêché le déroulement des examens de la session d'automne. Ils ont occupé les portails de la Faculté de Droit, barré tous les accès menant aux salles des examens, y compris le parking des professeurs. Ce groupuscule, qui ne mérite même pas le qualificatif d'étudiants, a fait appel à des milices en provenance d'autres établissements de Dhar Mehraz, voire des établissements de Taza et de Taounate, pour semer le trouble au sein de la Faculté. Nous allions être agressés nous-mêmes, quand nous sommes intervenus pour faciliter l'accès aux étudiants qui voulaient passer leurs examens. Un professeur a été agressé dans l'après-midi du jour des examens. Les fauteurs de troubles n'ont pas lésiné sur les moyens pour empêcher la tenue de ces examens. Ils ont distribué des tracts dans la ville de Fès ; ils se sont adressés aux parents des étudiants pour soi-disant les mettre en garde contre le prétendu système «impérialiste» et «sélectif» de l'enseignement ; ils sont allés jusqu'à traiter l'administration de la Faculté de «sioniste» ; bref, ils ont orchestré une campagne et ont même fait du porte-à-porte comme s'il s'agissait d'une campagne électorale pour monter les étudiants contre la Faculté. Le Conseil de la Faculté a dû annuler les examens de la session d'automne. Pourquoi avez-vous donc cédé à la pression des saboteurs ? On a dû annuler les examens pour éviter le pire. La décision a été prise, à l'unanimité, lors d'une réunion du Conseil de la Faculté. Lors de cette décision, le Conseil de la Faculté a également décidé la reprise des cours de la session du printemps le 23 février et la présentation des auteurs des troubles devant un conseil de discipline. Mais voilà, le 23 février, les saboteurs ont récidivé en empêchant, encore une fois, les professeurs d'accéder aux amphis. Ils ont assiégé mon bureau. Devant cette situation, les forces de l'ordre ont dû intervenir. Elles ont accompli leur mission avec beaucoup de professionnalisme. Il n'y a ni victimes ni dégâts matériels. Les saboteurs ont alors dû se replier vers la Faculté des sciences et des lettres. Mais c'était compter sans la perspicacité des forces de l'ordre, qui ont arrêté 28 d'entre eux. Que veulent, finalement, ces saboteurs ? Ils veulent précisément saboter le plan de réformes mises en œuvre depuis déjà cinq ans. Alors évidemment, on se demande pourquoi aujourd'hui et pourquoi particulièrement la Faculté de droit. Je précise que c'est la dynamique culturelle et artistique de cette Faculté qui en est la cible. On veut stopper par tous les moyens ce formidable élan de notre Faculté, incarné par une série d'événements que nous organisons au fil des saisons: Festival du théâtre universitaire, les vernissages, les rencontres de poésie … A cela, il faut ajouter que la Faculté de droit dispose d'un orchestre de musique exemplaire. Pour contrer cette dynamique, tous les moyens étaient bons pour les saboteurs. En début décembre, ils ont présenté un dossier revendicatif le moins que l'on puisse dire «fictif». Ici, on revendique la gratuité du transport et de la restauration ; là, l'augmentation du montant des bourses ; bref, cela ne relevait pas de mon ressort. Et pourtant, on a fait beaucoup de concessions. Cette pression que ces saboteurs voulaient nous faire subir s'expliquent par des considérations extra-estudiantines. Cela fait que la Faculté est aujourd'hui prise en otage par des activistes du parti gauchiste Annahj Addimocrati et des militants islamistes. Les uns et les autres veulent instrumentaliser la Faculté à des fins de propagande pour leurs idéologies respectives. Il faut crever cet abcès et dire que l'université est très malade à cause de cette situation. La Faculté ne peut céder aux désiratas et caprices de ces étudiants qui ne représentent qu'eux-mêmes.