Le 23 février 2009, de violents incidents ont éclaté à la Faculté de Droit de Fès. Une intervention des forces de l'ordre s'est soldée par l'arrestation de vingt-huit gauchistes, à l'origine de l'annulation des examens de la session d'automne. La Faculté de Droit de Fès, foyer traditionnel des tensions idéologiques, refait parler d'elle. Mais cette fois à travers des incidents qui ont poussé l'administration de cette Faculté à annuler les examens de la session d'automne. Le Conseil de cette Faculté, qui est la plus haute instance décisive, se réunit aujourd'hui pour statuer sur la reprise de ces examens, annulés le 12 février en raison d'actes de sabotage menés par une minorité d'étudiants appartenant au parti «Annahj Addimocrati». Et comme si ces actes n'avaient pas suffi, les mêmes «étudiants» ont récidivé le 23 février en décidant, par eux-mêmes, l'arrêt des cours. «On a été jusqu'à assiéger mon bureau», se plaint le doyen de la Faculté, Sarghini Farssi (Voir l'entretien ci-dessous). «Jusqu'où peut-on pousser l'impunité ?», s'interroge-t-il. Mais voilà, aux grands maux, les grands remèdes. Une intervention des forces de l'ordre a poussé les saboteurs à se replier vers la Faculté des sciences et des lettres, où ils ont en vain recherché refuge. 28 parmi les fauteurs de troubles ont été arrêtés. «Les forces de l'ordre ont accompli leur mission avec beaucoup de professionnalisme. Il n'y a eu ni victimes ni dégâts», fait valoir le doyen Sarghini. Mission accomplie, certes. Reste, les séquelles. La reprise des cours, et la re-programmation des examens, sont-elles en mesure d'effacer les effets psychologiques qu'ont causés les incidents chez le commun des étudiants et autres professeurs intimidés, voire humiliés, par les saboteurs ? Une reconstitution du film des événements démontre que le «rétablissement» n'est pas pour demain. Un scénario d'enfer. «Le 12 février, alors que les étudiants s'apprêtaient à se rendre dans les salles d'examen, ils ont trouvé devant eux une bande de nervis prêts à tout pour empêcher leur accès sur le campus», raconte Saïd Naji, professeur à la même Faculté. «Ils ont occupé le portail de la Faculté, barré tous les accès menant aux salles des examens, y compris le parking des professeurs (…) Nous allions être agressés nous-mêmes quand nous étions intervenus pour débloquer l'accès à ces salles», se souvient le doyen Sarghini, le doigt sur la tempe comme pour chasser un mauvais souvenir. Etant une minorité, les gauchistes ont fait appel à des étudiants d'autres établissements de l'Université Dhar Mehraz, voire des établissements de Taza et de Taounate. Le doyen Sarghini évoque le terme de «milices» bien structurées. «Ils n'ont pas lésiné sur les moyens pour empêcher la tenue des examens. Ils ont distribué des tracts dans la ville de Fès ; se sont adressés aux parents des étudiants pour soi-disant les mettre en garde contre le prétendu système impérialiste et sélectif de l'enseignement, allant jusqu'à traiter notre administration de sioniste», relate le doyen Sarghini. «Impérialisme», «sélectivité», «sionisme»… Ce sont là des slogans puisés aux fins fonds de l'idéologie gauchiste. Si à cela, on devrait encore conjuguer l'activisme islamiste très dynamique au sein de cette Faculté, on peut facilement comprendre le malaise des responsables de cette Faculté. «Notre Faculté est prise en otage et par les activistes gauchistes et par les militants islamistes. Les uns et les autres veulent instrumentaliser la Faculté à des fins de propagande pour leurs idéologies respectives», dénonce le doyen Farssi, le ton ferme. Plus ferme encore est la réponse qui doit être apportée à cette dérive. «Il faut crever l'abcès et dire que l'université est très malade de cette situation», diagnostique le responsable de la Faculté. «La Faculté ne doit pas céder aux désiratas et aux caprices de ces étudiants qui ne représentent qu'eux-mêmes», a-t-il martelé. C'est à cette condition, et simplement à cette condition, que l'université marocaine pourra retrouver sa vocation originelle de lieu du savoir.