Hossein Tallal, fils de Chaïbia Tallal, annonce la création d'une fondation au nom de sa mère pour rassembler ses œuvres. ALM : Quelles sont vos activités à la mémoire de votre mère ? Hossein Tallal : Je prépare actuellement un hommage à la regrettée Chaïbia Tallal , prévu pour avril 2009, à l'occasion du lancement d'une nouvelle galerie d'art créée par deux jeunes femmes. Ceci dit, en 2004, à la mort de ma mère, une exposition a été organisée à la salle d'arme de la cité portugaise. Cet espace d'exposition porte désormais le nom de «Galerie Chaïbia Tallal» et a été déclaré patrimoine mondial de l'humanité. Quels sont vos projets pour ses œuvres ? Avant sa mort, ma mère m'avait confié :«tout le monde finira par oublier Chaïbia Tallal mais seules mes œuvres seront là pour faire mes louanges auprès de dieu et des êtres». Pour se faire, après sa mort, j'ai bloqué toutes les ventes de ses tableaux vu que plus de dix spéculateurs m'avaient contacté pour savoir si je désirais vendre. Je me bats encore pour créer la «Fondation Chaïbia Tallal» qui regroupera toutes ses œuvres. Actuellement, je suis en phase de mettre sur pied l'association Chaïbia Tallal qui va se charger de répertorier ses œuvres et de récolter les fonds nécessaires pour la création de la fondation. Il était programmé que cette institution soit fondée à El Jadida mais tous les amis de la regrettée Chaïbia ont sollicité la proximité par rapport au lieu où elle a vécu et travaillé, la fondation sera donc à Casablanca. Cette initiative exige un énorme engagement, mais il faut bien que quelqu'un le fasse parce que la femme et l'artiste était toujours fière de représenter son pays à l'étranger, il faut qu'elle puisse le faire aussi au niveau national. Quel a été le parcours de Chaïbia Tallal ? Ma mère était élue au Parlement mondial de la sûreté et de la paix et disposait d'un passeport de député membre. Pour vous dire le poids qu'elle avait au niveau mondial. Elle a fait l'ouverture du centre culturel «Le Quartz de Brest» en Bretagne, et a reçu l'appel du commissaire d'exposition qui lui a déclaré que : «les habitants de Brest se sont réveillés sur vos couleurs», l'exposition a connu un tel succès que les visiteurs devaient faire la queue pour voir ses œuvres. Autre succès, l'exposition pour la réouverture de l'Octogone de Montmorillon en France. Son œuvre figure encore au musée d'Athènes. Elle avait à son actif bon nombre d'expositions à l'étranger et a fait la couverture de plusieurs magazines, affiches et livres de par le monde. Les œuvres de ma mère font partie de nombreuses collections privées au Maroc et à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Italie, au Liban, en Egypte, en Inde, au Canada, en Espagne, en Suisse, en Hollande... D'ailleurs son œuvre était mieux reconnue et comprise à l'étranger qu'au Maroc. Chaïbia Tallal a beaucoup aimé le Maroc, comment cela s'est-il manifesté ? Étant donné que Chaïbia Tallal était l'une des premières ambassadrices du caftan et de l'identité marocaine à l'étranger, la moindre des choses est qu'elle soit sollicitée par des revues féminines marocaines. À ce jour, il n'y a que des étrangers qui reconnaissent le patriotisme et le militantisme de la femme avant l'artiste et qui sollicitent son image, pour paraître dans des revues féminines même après sa mort. Et vous, quels sont vos projets ? Pour ma part, j'ai exposé jusqu'au 31 janvier, à la galerie MémoArts. Après une longue absence de vingt ans, de la scène artistique, j'ai réexposé pour montrer une nouvelle facette de mon travail. L'exposition s'était intitulée «Le retour…» et comprend une cinquantaine d'œuvres.