L'Association marocaine des enseignants-chercheurs lauréats des universités françaises (AMECLUF) a décidé de boycotter le 9ème congrès national du SNESup annoncé pour les 10 et 12 avril. Son président, Mohamed Mahassine, en explique les raisons. ALM : Quelles sont vos revendications ? Mohamed Mahassine : Grâce à nos actions, nous avons contraint le Syndicat national pour l'enseignement supérieur (SNESup) à reconnaître le préjudice et avons réussi à faire adopter par trois congrès nationaux du SNESup une première revendication stipulant la levée du préjudice qui incombait aux enseignants-chercheurs titulaires du doctorat français en les intégrant au grade de maître de conférence puis après quatre années à celui de professeur de l'enseignement supérieur. Mais le SNESup suspicieux voyait en cette commission une menace. Il s'est toujours acharné à utiliser le dossier pour faire pression sur le gouvernement. Grâce à nos actions, dont plusieurs sit-in et grèves, nous avons réussi à contraindre le ministère à reconnaître le préjudice infligé à cette catégorie d'enseignants-chercheurs. L'ex-ministre Khalid Alloua avait promis de résoudre le problème d'une manière équitable et rendre justice aux concernés. Après la création de la commission fonctionnelle pour le doctorat français émanant du congrès, et après plus de trois années de négociations non fructueuses, nous avons noté avec certitude qu'il ne s'agissait que d'un dialogue de sourds. Le bureau national du SNESup avait gelé la commission fonctionnelle, et commençait à proposer des résolutions boiteuses. Ce qui constituait une fois de plus, une transgression des résolutions des congrès nationaux et des lignes rouges tracées par la commission fonctionnelle: à savoir le grade de professeur de l'enseignement supérieur et la totalité de l'ancienneté acquise depuis le recrutement. C'est alors que nous avons décidé de prendre le dossier en main à nouveau. Dix-sept jours de sit-in national ouverts ont conduit à la décision de mener l'ultime combat celui de la grève de la faim qui a duré du 1er novembre 2006 au 24 janvier 2007. Le gouvernement avait alors ouvert à nouveau le dossier et prôner une résolution qui ne répondait pas à nos attentes. Le principal problème : celui de l'équivalence demeure donc insoluble et la situation des titulaires du doctorat français reste des plus illégales. Quelles sont vos récentes activités ? Nous avons organisé le samedi 24 janvier à Marrakech un hommage à nos militants qui ont marqué le parcours de notre association pour le droit la justice et la dignité. Cette cérémonie a eu lieu en présence de plusieurs personnalités marocaines et françaises. Quel est votre plan d'action et vos projets pour 2009 ? Notre conseil s'est réuni le dimanche 25 janvier en session ordinaire et a décidé de boycotter le 9ème congrès national su SNESup annoncé pour le 10 et 12 avril. Cette décision s'explique par le fait que nous ne voulons pas continuer à perdre notre temps dans un congrès qui ne sera finalement que la copie conforme des précédents. Nous ne voulons plus commettre la même erreur: celle de cautionner des pratiques qui n'honorent guère la véritable action syndicale. Ce congrès ne nous concerne donc pas, mais libre à ceux qui choisissent d'y participer. Nous n'imposons nos positions à personne. La deuxième décision concerne la création d'un syndicat national autonome pour le supérieur. Le Snasup sera un syndicat qui vise à empêcher toute nouvelle tentative d'exploitation du dossier des doctorats français ainsi que l'utilisation des revendications légitimes de toutes les catégories d'enseignants chercheurs pour régler des comptes politiques. Notre syndicat, Snasup, renforcera la position de l'enseignant-chercheur et donnera plus de crédibilité et de transparence à tout dialogue autour de sa situation et de son avenir ainsi que celui de l'université marocaine.