Le gouvernement de François Fillon s'est unanimement porté au secours de Bernard Kouchner dans un élan de solidarité obligatoire. Tandis que l'opposition socialiste était obligée de modérer ses critiques. Est-ce un simple hasard du calendrier éditorial ou une stratégie souterraine de détruire ? Deux brûlots d'une grande violence apparaissent coup sur coup pour mettre à mal deux grandes icônes de l'ouverture politique et de la diversité tant vantées par Nicolas Sarkozy. Le premier est «Le monde selon K» aux éditions Fayard de Pierre Péan dans lequel l'auteur, connu pour ses grandes investigations, porte une lourde accusation contre le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner d'avoir usé de son poste de ministre de la République pour se faire payer auprès de chefs d'Etat africains des arriérés de factures qui datent de l'époque où il vendait ses consultations dans le domaine de la santé. Un confit d'intérêt entre sa fonction et sa vie privée. Le second est «Belle amie», une enquête réquisitoire contre Rachida Dati, garde des Sceaux, écrit par deux journalistes, Michael Darmon et Yves Derai aux éditions du moment. «Belle amie» est une référence directe au «Bel ami» de Maupassant, un héros connu par son opportunisme exacerbé et son manque étouffant de scrupules. Le premier livre sur Bernard Kouchner a donné lieu à une grande tornade politique et médiatique. Le ministre des Affaires étrangères a été obligé de poser un genou à terre et venir s'expliquer devant l'Assemblée nationale sur les graves accusations que portait contre lui Pierre Péan. Signe que l'heure est grave, Bernard Kouchner avait été contraint d'annuler son déplacement à Washington où il allait rencontrer pour la premiers fois la nouvelle secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Au lieu de cela, il a passé ses deux journées à répondre aux interviews et à organiser sa contre-attaque. Et comme ce n'est pas à un vieux singe politique qu'on apprend la grimace médiatique, Bernard Kouchner, jouant à fond la carte de la victimisation et du complot qui le vise en tant que symbole de l'ouverture, a presque réussi à éteindre le feu qui prenait dans sa maison. Résultat provisoire des courses, Le gouvernement de François Fillon s'est unanimement porté au secours de Bernard Kouchner dans un élan de solidarité obligatoire. Tandis que l'opposition socialiste était obligée de modérer ses critiques et d'arrondir ses charges pour ne pas donner de la substance au poujadisme ambiant du «Tous pourris». Le second livre qui fait fureur dans le microcosme politique est «Belle amie» de Darmon et Derai. Les deux journalistes se sont livrés à une vraie opération de démystification de l'entreprise Dati. Le conte de fées d'une jeune, innocente beurette qui a, un jour la tête ensoleillé par des rêves fous, écrit au candidat Sarkozy pour travailler avec lui et que ce dernier dans sa disponibilité et son ouverture naturelle, l'a accueillie à bras ouverts pour en faire un des plus puissants symboles de son début de quinquennat, ce mythe est mis à mal par le portrait à charge que dressent les auteurs de Rachida la «Belle amie». Décrite comme une opportuniste de haut vol, une intrigante de première classe prête à marcher sur tous les cadavres pour faire avancer son agenda, Rachida Dati ne sort pas grandie d'une telle description. Les auteurs racontent par le menu détail que c'est en squattant le rôle de «Go Between» entre Nicolas Sarkozy et Cécilia dans leurs chamailleries amoureuses que Rachida Dati avait réussi à prendre de l'importance dans le cercle intime du nouveau président. Si le livre revient longuement sur le comportement jugé cassant et autoritaire de Rachida Dati qui avait provoqué une hémorragie permanente de son cabinet, son amour ostentatoire des «Sun-lights» et de tout ce qui brille, trait de caractère somme toute bien connu de l'opinion, Darmon et Derai reviennent sur une question qui taraude beaucoup de monde ; Qui est le père de Zohra ? Les deux compères lancent une piste qui va faire beaucoup de bruit. Observant ses nombreux allers-retours à Doha, «Belle amie» avant la thèse que le mystérieux papa est le procureur général du Qatar, Ali Bin Fetais Al Marri. Deux précieuses icônes de la Sarkozie sont donc méchamment malmenées. Si Nicolas Sarkozy a déjà tranché dans le cas Dati en décidant de l'exiler à Strasbourg, son comportement à l'égard de Bernard Kouchner demeure le grand mystère du moment.