Le Président libérien Charles Taylor a confirmé qu'il abandonnerait le pouvoir le 11 août, mais il n'a pas dit quand il quitterait le pays. La capitale demeure assiégée par les rebelles. Les forces gouvernementales libériennes ont lancé samedi une offensive contre les positions des rebelles à Monrovia tandis que le président Charles Taylor confirmait son intention de quitter le pouvoir le 11 août. Interrogé par des journalistes à l'issue d'une rencontre dans la capitale libérienne avec des représentants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, Taylor a confirmé qu'il abandonnerait le pouvoir le 11 août, mais il n'a pas dit quand il quitterait le pays. Le ministre ghanéen des Affaires étrangères avait déclaré peu auparavant que Taylor avait accepté de remettre officiellement le pouvoir le 11 août et de quitter la scène politique. Les forces restées fidèles à Taylor ont repoussé les rebelles des Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) de trois ponts stratégiques dans le centre de la capitale, ce qui devrait leur permettre de prendre en tenaille la zone portuaire aux mains des insurgés, a indiqué à Reuters une source militaire. Cette contre-attaque gouvernementale intervient deux jours avant l'arrivée prévue à Monrovia d'un premier contingent de soldats de la paix nigérians, condition fixée par Taylor pour abandonner le pouvoir. Les forces loyalistes ont pris les ponts de Old, New et Stockton et elles les ont traversés pour pénétrer dans les quartiers de Vaitown et de Cemenco, sur le chemin du port, a dit la source militaire sous le sceau de l'anonymat. "Les rebelles ont déclenché de violents tirs de barrage au mortier". Les habitants ont fait état d'au moins quatre civils blessés dans les affrontements, dont un enfant touché par une balle perdue. Deux semaines d'affrontements ont tué des centaines de civils dans la capitale où l'on manque de vivres et d'eau. Le ministre de la Défense, Daniel Chea, a fait état de violents combats pour le contrôle de Buchanan, le deuxième port du pays situé à une centaine de km à l'Est et qui est le principal débouché du secteur forestier et de l'hévéa. Il a parlé de pertes civiles élevées. Un habitant de Buchanan contacté par téléphone a dit entendre des détonations d'obus, sans pouvoir préciser qui tirait.Il a confirmé que les rebelles du Model (Mouvement pour la démocratie au Liberia) contrôlaient toujours la ville, ajoutant que les forces gouvernementales tentaient de s'emparer du Pont St John, qui donne accès à Buchanan. A Monrovia, le président Charles Taylor a reçu la délégation de la Cedeao accompagné de son épouse, Jewel (Bijou), et de plusieurs collaborateurs de haut rang comme son vice-président et son ministre de la Défense. Taylor, parti la veille inspecter le front, à Buchanan, avait regagné la présidence, Executive Mansion, samedi pour rencontrer ces émissaires ainsi que des représentants du Nigeria, du Togo et du Ghana. Monrovia est assiégé depuis deux semaines par les rebelles des Lurd. Des centaines de civils ont été tués dans les fusillades opposant les insurgés aux forces gouvernementales. Rien que vendredi, onze civils au moins ont été tués par des obus de mortier. Mais tandis que les combats se poursuivaient sur trois fronts, les projets de déploiement d'une force d'interposition prenait corps. Un premier contingent de soldats nigérians rassemblés en Sierra Leone voisine était attendu lundi à Monrovia. Vendredi soir, le Conseil de sécurité des Nations unies a donné son feu vert à l'envoi au Liberia d'une force de paix multinationale chargée de veiller au respect d'un cessez-le-feu. David Clarke (Reuters)