Le génocidaire libérien Charles Taylor a confirmé son intention de démissionner le lundi 11 août, date à laquelle il remettra ses pouvoirs au vice-président Moses Blah. «Les dispositions de la Constitution libérienne vont être respectées», a confié Taylor sur CNN. "Le vice-président prêtera serment lundi". Le chef de l'Etat devrait annoncer son acceptation de l'offre d'asile faite par le Nigeria, a déclaré mercredi Mohamed Ibn Chambas, secrétaire exécutif de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest. Taylor avait pourtant semblé poser de nouvelles conditions à son acceptation de cette offre d'asile. Des responsables libériens ont, en effet, indiqué que Taylor demandait à la Cour internationale de justice (CIJ) d'annuler son inculpation par un tribunal spécial pour crimes de guerre commis durant la guerre civile de Sierra Leone. Le gouvernement nigérian a toutefois fait savoir qu'il n'avait connaissance d'aucune nouvelle condition et qu'il était "actuellement en train de mettre la dernière main aux modalités d'accueil du président Taylor au Nigeria." Les rebelles des Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) refusent de se retirer de Monrovia tant que Taylor, ancien chef de guerre, n'a pas quitté le pays. Ils ont néanmoins accepté de céder à la force de maintien de la paix ouest-africaine le contrôle de la zone portuaire, dont l'importance est stratégique. Attendus par des Libériens affamés et épuisés par des semaines de combats, les 450 soldats nigérians de l'Ecomil qui devaient commencer à se déployer jeudi dans les rues de Monrovia. Mercredi, rebelles et soldats fidèles au président Charles Taylor - qui s'affrontaient sans merci voici une semaine - bavardaient cordialement sur des lignes de front. "C'est l'instant Kodak. Vous voyez, nous sommes tous frères, nous ne faisons qu'un", déclarait Varney Devan, soldat de l'armée gouvernementale, près de ses anciens adversaires sur l'Old Bridge. "Ils se connaissent tous, ils ont grandi ensemble", a-t-il ajouté. Des humanitaires ont toutefois signalé des tirs sporadiques dans la capitale livrée à l'anarchie depuis des mois, en faisant état de morts et de blessés touchés par des balles perdues. Une deuxième vague de plusieurs centaines de soldats nigérians commenceraient à arriver ce week-end. Ils seront suivis à une date indéterminée par des soldats ghanéens, maliens et sénégalais. Les Etats-Unis ont par ailleurs envoyé au Liberia un petit groupe de "marines" arrivés à bord de navires de guerre envoyés au large des côtes libériennes, afin d'y fournir un soutien logistique à l'Ecomil. Des hélicoptères américains se sont posés mercredi à l'ambassade américaine de Monrovia, mais un porte-parole a refusé de dire si les "marines" étaient à bord. Un responsable du Pentagone à Washington a cependant déclaré qu'il ne s'attendait pas "à l'envoi d'un grand nombre de soldats et certainement pas dans l'immédiat". De violents combats se poursuivent dans le deuxième port libérien, Buchanan, d'où les forces de Taylor tentaient d'évincer les rebelles du petit Mouvement pour la démocratie (Model). "Nous avons l'intention de chasser ces bandits de Buchanan", a déclaré un responsable militaire local. Selon des sources militaires, les fidèles de Taylor progressaient face au Model. Dans la capitale, où les conditions de vie restent précaires, une équipe représentant plusieurs agences de l'Onu est venue évaluer la situation mercredi. Des humanitaires avaient enterré un peu plus tôt deux corps sur la plage de West Point, où s'alignent des centaines de tombes de victimes signalées par des croix faites de brindilles.