L'AMO a réalisé des avancées sur le plan quantitatif. Sa mise en application révèle encore des dysfonctionnements : médicaments indisponibles, retard des remboursements, absence de prise en charge préalable. Le bilan des trois années d'existence de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) a été présenté lors du colloque national du patient et de l'assurance maladie qui s'est tenu mardi 2 décembre à Casablanca. Le nombre total des bénéficiaires de l'AMO a atteint plus de 10 millions de bénéficiaires dont 3,2 millions pour la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) et 3,3 millions pour la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). S'agissant des ressources financières de la CNOPS, celles-ci ont plus que doublé en passant de 1,4 milliard DH à 3,2 milliard DH entre 2005 et 2008. Quant à la CNSS, ses ressources financières ont atteint 2,1 milliard DH en 2008 contre 1,4 milliard en 2006. Près de 90% des dépenses de l'AMO sont réservées au secteur privé. Le nombre des médicaments remboursables est passé de 1001 à 2.524 et les appareillages et dispositifs médicaux de 172 à 869. Malgré les avancées qu'a connues l'AMO, bon nombre de barrières entravent encore l'accès au traitement du patient marocain atteint de maladies graves. De la CNOPS où certains médicaments contre des maladies lourdes sont indisponibles, à la CNSS qui oblige ses patients à payer au préalable et à se faire rembourser par la suite, en passant par les assurances privées qui leur imposent un plafond. «La prise en charge totale et préalable demeure la condition sine qua non pour que les malades puissent se soigner et limiter l'aggravation de leurs pathologies. Mais, la CNSS semble leur ignorer ce droit fondamental» souligne le Pr Driss Jamil, président de l'association SOS Hépatites. Prenons le cas d'un malade atteint de polyarthrite rhumatoïde, la CNSS ne rembourse que 70%, les 30% restant sont à la charge du patient. Comment un salarié qui touche un salaire mensuel de 3000 DH peut-il couvrir les frais des soins qui dépassent 12.000 DH par mois ? Conséquence : les malades qui n'ont pas les moyens de bénéficier d'un traitement de fond sont contraints d'abandonner leur traitement. «N'est-il pas judicieux de la part des responsables de la CNSS de traiter la maladie à des stades précoces, au lieu de se retrouver avec des dépenses énormes une fois les complications installées? », s'indigne un affilié à la CNSS. Il est possible de permettre une meilleure qualité de vie aux malades si cette maladie est prise en charge à un stade précoce et de manière efficace. Pr Jamil prône l'instauration du système du tiers-payant. Grâce à cette pratique, le malade est dispensé du paiement des frais des soins médicaux. Quant au prestataire de soins, il reçoit directement de l'organisme assureur auquel est affilié le bénéficiaire, le paiement de l'intervention due dans le cadre de l'AMO. La mise en application du système du tiers-payant et son élargissement permettent d'éliminer les disparités dans l'accessibilité des prestations sanitaires et la maîtrise des frais de soins médicaux. Le patient ne doit pas avoir de frais à avancer ou si ces frais sont obligatoires (franchise) il faut qu'ils respectent son niveau salarial (10% du SMIG). En outre, la mise en place de ce système, les différentes associations (SOS Hépatites, l'association «Reins» et l'«AMP» (Association marocaine de lutte contre le polyarthrite rhumatoïde) ont recommandé la généralisation de la prise en charge totale et partielle à toutes les ALD et ALC en nombre de 41.