* Le système du tiers payant, tout en limitant laggravation des pathologies lourdes, facilite laccès aux soins aux populations à revenus moyens. * La CNSS est vivement appelée à mettre en place ce dispositif avantageux pour toutes les parties concernées. * Il est également important de prendre en charge, totalement et au préalable, les affections de longue durée pour éviter aux patients laggravation de leur pathologie. La place du système du tiers payant dans lamélioration des prestations offertes aux bénéficiaires de la CNSS, est à lordre du jour des travaux du Colloque National sur le Patient et lAMO. Pour les initiateurs de ce colloque, SOS Hépatites en collaboration avec le collectif associatif du «Printemps du patient 2008», un tel choix est doublement justifié. Dune part, il répond à la volonté de contribuer à lamélioration des performances de ce système de couverture sanitaire. Et dautre part, il tente de souligner un triste constat : au moment où la prise en charge totale et préalable demeure la condition sine qua non pour que les malades puissent se soigner et limiter laggravation de leur pathologie, la CNSS, un des piliers de lAMO, semble leur ignorer ce droit fondamental. Le cas de A.B, un malade atteint de polyarthrite rhumatoïde, est un exemple criant de cette «injustice» que subissent les malades : «Après avoir payé depuis de longues années des cotisations, on vient mimposer ces 30 %. Comment un salarié, qui touche un salaire de 3.000 DH, peut-il couvrir les frais de soins qui dépassent 12.000 DH par mois ? Nest-il pas judicieux, de la part des responsables de la CNSS, de traiter la maladie aux stades précoces, au lieu de se retrouver avec des dépenses énormes une fois les complications installées ?», sindigne cet affilié. En effet, le paiement des frais en amont peut poser de sérieux problèmes aux personnes à revenu limité souffrant daffections de longue durée et dont le traitement savère très onéreux. Face à cette situation chaotique, le Pr Driss Jamil, Président de lAssociation SOS Hépatites, prône linstauration du système du tiers payant. Grâce à cette pratique, le malade est dispensé du paiement des frais des soins médicaux. Quant au prestataire de soins, il reçoit directement de lorganisme assureur auquel est affilié le bénéficiaire, le paiement de lintervention dû dans le cadre de lAMO. «Ce dispositif permettra non seulement de garantir aux patients daccéder aux soins mais aussi de favoriser la prévention des pathologies chroniques et leurs complications. Sans oublier quil agit efficacement sur les facteurs liés, entre autres, à lenvironnement, aux conditions de vie et de travail. Les résultats de la CNOPS dans ce domaine, attestent bel et bien de lintérêt de la mise en place dune telle mesure. La CNSS a déjà entamé des réflexions sur la question. Mais à mon sens, il est grand temps de passer à lapplication. La vie de milliers de malades en dépend», ajoute dans ce sens le Pr Jamil. Cette revendication émane du succès de ce système en France. En effet, le tiers payant est généralisé en France et sest avéré dun appui inestimable dans la réussite de plans sanitaires visant léquité dans laccès aux soins. Il savère aussi dun apport utile dans la résolution du retard de remboursement. Nul nignore, à ce propos, ce que cette problématique engendre comme entraves à lobservance et au suivi des traitements. Dans ce cadre, létude réalisée en 2000 par le CREDES, bureau détudes spécialisé dans la consultation de santé publique, a conclu que le tiers payant en «aplanissant les effets revenus, ( ) apparaît donc comme un facteur de diminution des inégalités de consommation dues aux écarts de revenus. A morbidité et couverture égales, il tend à rapprocher la dépense des assurés «moins riches» de celle des assurés plus aisés. Cette étude économique tend donc à montrer que le tiers payant est un mode de paiement socialement équitable». Autre recommandation de ce colloque : la généralisation de la prise en charge totale et partielle de toutes les ALD et ALC au nombre de 41. La prise en charge totale et préalable demeure ainsi la condition sine qua non susceptible de permettre aux malades en général, et aux plus démunis en particulier, daccéder aux soins, limitant par là les énormes dépenses engendrées par laggravation de leur pathologie.