Noureddine Saïl, vice-président délégué de la Fondation du FIFM, dresse le bilan de la huitième édition du Festival international du film de Marrakech. ALM : Quel bilan faites-vous de cette huitième édition du Festival international du film de Marrakech ? Noureddine Saïl : Personnellement, je vois le Festival international du film de Marrakech se développer harmonieusement tout en gardant ses propres acquis. D'année en année, de nouveaux chapitres s'ajoutent et le tout va se stabiliser dans un avenir proche. Un bon festival a besoin de vingt années pour trouver son rythme réel. À titre d'exemple, le Festival de Cannes a connu plusieurs étapes. De la compétition entre films avant et après la guerre, il s'est développé en lui-même pendant assez longtemps pour arriver à son état actuel. Un festival est un être vivant qui vit et qui se développe, comme il peut aussi mourir. Le FIFM a huit ans et je pense que nous avons encore de l'avenir devant nous, dans la mesure où à chaque édition, une croissance se fait sentir. Le FIFM devrait avoir sa physionomie définitive dans quelques années. Actuellement, nous ne pouvons pas juger de l'état formel du Festival international du film de Marrakech. Évidemment, un travail continu s'impose, sans ignorer, quelquefois, nos propres erreurs. Ce qui est le plus important, c'est de toucher d'un œil vif, l'avenir du festival de Marrakech. Certes, le FIFM est appelé à évoluer de façon de plus en plus positive et nous avons les moyens, la volonté et l'énergie d'accomplir cette mission. Quel est le positionnement du Festival international du film de Marrakech au niveau international ? Au niveau international, le FIFM commence à se faire connaître comme étant un rendez-vous annuel important au sein de la carte géographique des festivals. On reconnaît au FIFM, d'abord, la rigueur de ses choix au niveau de la sélection des films en et hors compétition, ainsi que son coup de cœur. Il existe, sans aucun doute, une signature particulière du FIFM, dans la mesure où ses films se considèrent pointus, puissants et couvrant une diversité géographique qualifiée de pertinente. Certes, rares sont les festivals mondiaux qui sont capables de combiner autant de films très intéressants venant de différents horizons. Le Festival international du film de Marrakech a réussi cette harmonie, dans le mesure où cette combinaison entre plusieurs cultures cinématographiques se manifeste comme étant son cœur battant. Cette année, le FIFM rend hommage au cinéma britannique, que je qualifie d'exceptionnel en termes de films projetés. Ainsi, la cerise sur le gâteau, cette année, était de programmer l'expérience, d'ailleurs assez particulière du cinéma pour les malvoyants et les non-voyants, ce qui est une première assez remarquable au niveau international. D'ailleurs, un certain nombre de présidents de festivals de cinéma, qui étaient présents à Marrakech, vont certainement adopter cette idée. Comment voyez-vous l'état actuel de la production cinématographique marocaine ? La production cinématographique marocaine se stabilise actuellement sur 15 films en long-métrage en plus de 65 projections en court-métrage par année. Nous disposons d'un Festival national du film à Tanger lors duquel plusieurs films sont présentés. Ce festival se déroulera cette année du 13 au 20 décembre. Je pense que la problématique de la production cinématographique marocaine, aujourd'hui, doit essentiellemnt s'intéresser à son exploitation et donc à la construction des salles de cinéma. Justement, quelles sont les mesures que vous avez prises pour pallier au manque des salles de cinéma ? Le Maroc dispose actuellement de 90 écrans de cinéma. D'ici 2012, il faudrait que l'on dispose de 150 écrans supplémentaires pour parvenir à 250 salles de cinémas opérationnelles. Dès l'année prochaine, plusieurs villes marocaines figureront au sein de notre plan d'action qui consiste à la promotion de la construction de salles de cinéma, notamment à Kénitra, Tanger, et Oujda. La construction de centres multiplexes est considérée comme la seule solution à adopter pour acquérir une offre très large de films et pouvoir ainsi faire revenir les gens au sein de salles confortables, et techniquement parfaites. Dans le continent africain, trois pays détiennent le monopole des salles de cinéma, l'Egypte, l'Afrique du Sud et le Maroc. Actuellement, l'essentiel ce n'est pas uniquement de produire, mais également de créer un marché intérieur puissant, qu'on ne peut pas avoir s'il n'existe pas de très bonnes salles de cinéma.