Le président Khatami a appelé les députés à cesser leur mouvement de protestation, tout en menaçant de démissionner, lui et tous les réformateurs, si les conservateurs maintenaient le rejet massif de candidats aux législatives. Un appel rejeté par les députés iraniens. En recevant mardi les 27 gouverneurs des provinces qui ont menacé de démissionner si les rejets des candidatures étaient maintenus, le président iranien Mohammad Khatami a fait allusion à une démission collective. «Nous partirons ensemble ou nous resterons ensemble. J'estime que nous devons rester fermes et refuser tout rejet des candidatures et si un jour on nous demande de partir, nous partirons tous ensemble», a-t-il dit. Une crise politique majeure a éclaté dimanche, après l'annonce du rejet d'environ 3.600 candidats (y compris 83 députés, dont 80 réformateurs) par les commissions de surveillance des élections, qui dépendent du Conseil des gardiens de la constitution, aux mains des conservateurs. Toutefois, des députés iraniens ont rejeté mercredi l'appel du président Khatami. Selon Mohsen Armin, le député réformateur de Téhéran, «le sit-in contre les rejets de candidatures va continuer». Les députés ont repris leur sit-in pour la quatrième journée consécutive mercredi à 15H00 (11H30 GMT). «Avec tout le respect que nous avons pour le président Khatami, nous allons continuer. Nous démentons toute rumeur sur un arrêt de notre mouvement», ont affirmé les députés dans un communiqué. «Tant que nous n'aurons pas atteint notre objectif, c'est-à-dire l'organisation d'élections libres et justes, nous continuerons», a déclaré pour sa part Mohammad Reza Khatami, le frère du président iranien et chef du Front de la participation, principal parti réformateur au Parlement. «Nous ne voulons pas défendre seulement nos droits, mais aussi les droits de milliers de candidats invalidés et nous ne céderons pas», a déclaré Hadi Hadizadeh, un député réformateur de province. Les familles de certains députés de province se sont rendues mercredi au Parlement pour les soutenir. Auparavant, lors d'une séance à huis clos du Parlement, Khatami avait réitéré sa position mardi, mais affirmé qu'il restait optimiste sur l'aboutissement des efforts déployés par lui-même et le président du Parlement Mehdi Karoubi», a déclaré à la presse le député réformateur Ahmad Borghani. «Le président a déclaré que les rejets de candidatures étaient illégaux et nullement acceptables», a-t-il ajouté. Le président réformateur du Parlement a également lancé une violente attaque contre les commissions de surveillance. «Nous n'acceptons pas l'attitude des commissions de surveillance. Le Conseil des gardiens de la constitution doit revenir sur ces décisions. Il n'y a pas d'autre choix. Ils ont fait en sorte qu'on sache par avance qui sera élu et qui ne le sera pas», a déclaré M. Karoubi. Les conservateurs «ont placé les pions pour avoir un Parlement" sous leur contrôle, a-t-il dit devant le Parlement. Il a toutefois ajouté qu'il restait "optimiste sur les tractations menées». Selon M. Karoubi, sur les 3.600 candidats invalidés (sur un total de 8.157), «1.224 ont été accusés de non-respect de l'islam et, dans le cas de 1.377 autres, les commissions de surveillance ont déclaré qu'elles n'avaient pas pu avoir la preuve de l'aptitude des candidats». «La plupart des gens qui ont été rejetés pour non-respect de l'Islam sont des gens connus, des invalides de guerre, des membres des familles des martyrs», a fustigé M. Karoubi, qui a ajouté que les commissions avaient même rejeté la candidature d'un imam de prière (nommé par le Guide suprême) qui avait démissionné de son poste pour se présenter au scrutin du 20 février comme l'exige la loi.