La principale organisation d'étudiants iraniens appelle au boycottage des législatives du 20 février. Cette réaction est due au rejet massif des candidatures réformatrices. Alors que le président iranien, Mohammed khatami, se déclare optimiste quant aux chances de trouver une solution au problème du rejet massif des candidats réformistes aux législatives prévues pour le 20 février, tout en prévenant qu'il n'accepterait aucune disqualification «injuste», le Bureau pour la consolidation de l'unité (BCU) appelle les réformateurs à refuser d'organiser le scrutin. «Etant donné que le vote du peuple n'a aucune influence (…) et que des élections justes et libres ne sont pas possibles, il n'y a aucune raison que le peuple prenne part à ces élections» affirme le BCU dans un communiqué publié par l'agence officielle Irna. Le BUC, qui fut souvent à la pointe de l'exigence démocratique, a rejoint le sit-in observé depuis le 11 janvier par les députés protestataires au Parlement. Cette crise a été déclenchée par la validation de 3.605 des 8.157 candidatures aux législatives. Les commissions du contrôle électoral, sous l'autorité du Conseil des gardiens conservateur, ont jugé que la candidature de certains des réformateurs, dont 80 députés sortants et plusieurs personnalités de premier plan, n'était pas recevable et les accusent d'être coupables de manquement à l'Islam et à la constitution. Des députés iraniens, indignés par cette discrimination, se sont mobilisés contre le rejet massif par les conservateurs des candidatures aux législatives et ont prêté serment de ne pas participer aux élections du 20 février si celles-ci doivent s'apparenter à des "nominations". "Nous, les représentants du peuple, jurons, si les droits des candidats aux législatives ne sont pas garantis, de ne pas participer à des élections où le libre choix des électeurs serait bafoué", ont proclamé plusieurs dizaines de parlementaires qui se sont engagés, selon le texte de leur serment, "à ne plus siéger au Parlement (...) si des nominations tiennent lieu d'élections". Le travail parlementaire pourrait ainsi être bloqué pendant plusieurs mois, entre le scrutin et la prise de fonctions du nouveau Parlement, prévue en juin. Cette crise institutionnelle, aggravée par la menace d'une démission collective des ministres, des députés, des gouverneurs, voire du président lui-même, a poussé le Guide Suprême, l'Ayatollah Ali Khamenei, à ordonner au conseil des gardiens de réexaminer les dossiers avec plus de clémence. Pourtant la situation reste aussi critique même après la repêche de 700 candidats. Aujourd'hui, le BCU demande aux réformateurs qui «ont prêté serment de défendre les droits du peuple», de résister et de refuser d'organiser les élections. Il les a aussi sollicités à déposer une proposition de loi selon laquelle les élections devraient être annulées si la participation n'atteint pas 50 %. Le BCU réclame de nouveau un référendum sur l'avenir du pays. M. Khatami, qui a assuré que les élections auraient lieu le 20 février a affirmé : «Mon gouvernement organisera des élections libres, justes et ouvertes à la concurrence, je ferai tout pour que ce soit le cas, et j'espère que cela sera le cas»; il se montre plutôt sceptique face à la difficile recherche d'un compromis avec les conservateurs : «On ne sait pas si l'issue sera acceptable par nous», a-t-il déclaré.