Le Fonds monétaire international (FMI) ne s'est pas encore prononcé sur la crise américaine. Mais il parait que «l'heure du FMI va sonner dans cette crise», estime Kenneth Rogoff, un ancien économiste du FMI désormais à l'Université d'Harvard. Le Fonds monétaire international est resté pour le moment discret sur la crise américaine, mais il pourrait faire son retour sur la scène financière si certains Etats rencontrent des difficultés pour se refinancer sur le marché international du crédit. «L'heure du FMI va sonner dans cette crise», estime Kenneth Rogoff, un ancien économiste du FMI, désormais à l'Université d'Harvard. «L'onde de choc (de cette crise) va mettre un peu de temps pour se propager sur la planète (...) Il y a donc une très forte probabilité que l'activité du FMI s'accroisse, pour le meilleur et pour le pire, au cours des 12 prochains mois». Le FMI, qui fournit des prêts de plusieurs milliards de dollars aux pays en difficulté financière, a également pour fonction de surveiller le système monétaire international et de suivre les politiques économiques et financières de ses 185 membres. Il doit notamment alerter les marchés dès que les signaux virent à l'orange. Cependant, jusqu'à présent, ses avertissements sur la crise américaine n'ont guère convaincu, relançant le débat sur ses réelles capacités à assurer sa mission de «vigie» de l'économie mondiale. En avril 2007, quelques mois avant le début de la crise financière liée aux subprimes américains (crédits immobiliers à risque), le FMI brossait encore un tableau très optimiste dans son rapport sur les «Perspectives de l'économie mondiale». Jusqu'à fin juillet de la même année, le FMI était resté confiant, même si le marché immobilier donnait à cette date des signes de faiblesse inquiétants et si un hedge fund de la banque Bearn Stearns se heurtait à des difficultés. Même quand le FMI s'est résolu à lancer des avertissements, ils sont restés lettre morte et ont été ignorés par son principal actionnaire, les Etats-Unis, lorsque le marché immobilier a sombré. Alors même que certains experts comparent la crise financière actuelle à celui de 1929, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn - ancien ministre des Finances français qui a pris à la tête du fonds il y a près d'un an - ne s'est jamais réellement exprimé aux Etats-Unis sur cette crise qui prend sa source dans ce pays. «Les choses évoluent tellement vite qu'il est très difficile d'intervenir», observe-t-il, soulignant qu'on relève la même impuissance de la part de la Banque des règlements internationaux (BRI) et de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). «La période de bienveillance du marché international des capitaux est terminée. Les pays qui n'ont pas de stratégies macroéconomiques réalistes vont avoir des problèmes», ajoute cet économiste. La réaction du FMI à la crise actuelle a relancé le débat entre le personnel du FMI, sa direction et des membres sur l'impartialité du fonds, qui soutient le plan de sauvetage des autorités américaines alors qu'il imposait ses potions amère sors de la crise financière asiatique de 1997-98. Pendant la crise asiatique, le FMI s'était opposé à l'injection massive d'argent public pour renflouer des établissements financiers de la région, ce qui s'était traduit par des faillites et des milliers de suppressions d'emplois. Toujours défiant à l'égard du FMI, des responsables gouvernementaux asiatiques et certains hauts fonctionnaires de l'organisation se demandent s'il n'y a pas deux poids, deux mesures en la matière. Le FMI a reconnu avoir commis des erreurs dans la gestion de la crise asiatique mais il a toujours défendu les grandes options de ses recommandations à l'égard des «tigres» qu'étaient alors la Thaïlande, l'Indonésie et la Corée du Sud. • Lesley Wroughton (Reuters)