Les terroristes évadés menacent notre sécurité à tous et nous sommes en droit de demander des comptes. Limoger le directeur ou sanctionner quelques gardiens ne servirait à rien, tant que les jihadistes ont un traitement de faveur dans nos prisons. Partout dans le monde, des prisonniers réussissent à s'évader. Ce n'est souvent qu'un fait divers. L'évasion de Kénitra n'en est pas un, parce qu'il s'agit de terroristes convaincus. Depuis 2003, nous vivons une situation ubuesque. Des individus condamnés pour activité terroriste sont traités comme l'étaient les prisonniers politiques durant les années de plomb. Ils sont regroupés selon leurs affinités et jouissent d'une liberté d'action inouie. Chaque prison, qui accueille des jihadistes, voit l'une de ses parties, celle où ils logent, se transformer en Emirat. Ils terrorisent les détenus de droit commun, ont accès aux portables, organisent tous les commerces et petits trafics, monopolisent la chambre à coucher.Ils ont réussi à imposer un statut privilégié juste en menaçant de faire grève, soutenus par des associations qui ne savent pas faire la différence entre le délit d'opinion et le crime terroriste. C'est ce statut qui explique que des détenus ont pu creuser un tunnel, entasser 47 sacs de 50 kilos dans leurs cellules sans être découverts. C'est parce que les gardiens s'interdisent de jeter un regard dans les cellules relevant de l'Emirat qu'ils n'ont rien vu. Le résultat est là, 9 terroristes convaincus sont en liberté et menacent la quiétude des citoyens. Probablement, le chapeau sera porté par quelques lampistes alors que les responsabilités sont politiques et au haut niveau. L'Etat marocain est dans une posture incompréhensible. Il se justifie tout le temps alors qu'il mène une guerre qui devrait être implacable contre le terrorisme. La pression des associations des droits de l'Homme joue à fond alors qu'elle n'a pas lieu d'être. Les détenus dans les affaires terroristes ne sont pas des militants politiques qui auraient des opinions extrêmes mais respectables. Ce sont des criminels fous furieux qu'il faut sanctionner avec la sévérité la plus extrême. Ce qui serait logique et de nature à renforcer l'Etat dans son combat contre la barbarie, c'est justement de réserver un statut particulier à ces prisonniers. La haute sécurité, tout à fait le contraire de ce qu'ils vivent actuellement. Il n'y a aucune atteinte aux droits de l'Homme, quand face à la barbarie, un Etat se donne les moyens de mettre des individus hors d'état de nuire. Culpabilisé par les années de plomb, l'Etat marocain est en train de faillir à sa première mission régalienne : assurer la sécurité de ses citoyens. Les terroristes évadés menacent notre sécurité à tous et nous sommes en droit de demander des comptes. Limoger le directeur ou sanctionner quelques gardiens ne servirait à rien, tant que les jihadistes ont un traitement de faveur dans nos prisons. Il ne s'agit pas de répondre à la haine par la haine mais de simple instinct de survie. Les jihadistes savent le bénéfice qu'ils peuvent tirer en jouant sur les droits de l'Homme, qu'ils récusent théoriquement et surtout sur l'image du pays qui peine à enterrer son passé tortionnaire. Ce jeu-là ne peut cesser que si en face la fermeté est absolue. C'est bien évidemment une position qui fera jaser les militants des droits de l'Homme et ils seront dans leur rôle. Cependant, il faudrait qu'ils réfléchissent sur le mélange des genres qu'ils entretiennent depuis 2003. Ils considèrent la majorité des détenus salafistes comme des prisonniers d'opinion… parce qu'ils ne sont pas passés à l'acte. Ce faisant, ils anoblissent l'appel au meurtre, l'incitation à la haine. Ils ont raison quand ils interdisent à la société de répondre à la barbarie par la barbarie, ils ont tort quand ils élèvent la barbarie au rang d'opinion.