Ammane Moubarak, Abdellatif Ajarrar et Hassan Mounazil, trois jeunes artistes plasticiens tentent l'expérience d'une exposition collective au sein du musée amazigh jusqu'au 12 avril. Dans un espace de créativité, un lieu de décharge expressive où les couleurs, courbes et techniques se joignent dans un mélange de fécondité artistique, trois jeunes artistes plasticiens expriment chacun à sa manière et son style un talent incontestable. Livrés à cette transe artistique qui sépare l'artiste de son monde pour le plonger dans une nouvelle dimension où seule la toile devient l'interprète, Ammane Moubarak, Abdellatif Ajarrar et Hassan Mounazil se livrent entièrement au flux incontrôlable de l'expression plastique et à la fougue créatrice. Les toiles des trois artistes débordant du même flux mais s'exposant et s'interprétant dans une foulée de démarches et de styles propres à chacun. Au contact des couleurs, Moubarak Ammane laisse choir les couleurs chaudes sur sa toile. Un choix qui vient réconforter sa démarche d'artiste mais également sa ferveur créative. Loin d'un cantonnement dans une thématique préétablie, Ammane se laisse bercer par son élan d'imagination. La toile se constitue chez lui selon une composition où corps de l'homme et de l'animal habitent l'espace, dans un mouvement presque féerique, où la toile n'arrive à retenir que des ombres fuyants. Juste des traces d'un moment de passage sur la toile, rappelant avec émerveillement les gravures rupestres. Ammane use de techniques différentes pour donner à ses toiles ce semblant de naturel. Sables, colle, pigments morceaux de papiers où se tracent les signes d'une écriture ancienne et faite à l'ancre traditionnelle marocaine. Lauréat de l'école des Beaux-arts, les toiles d'Ammane se veulent vivantes grâce aux choix de la matière. Abdellatif Ajarrar livre, pour sa part, un voyage dans le noyau de la créativité artistique. Lauréat de l'école des Beaux-arts de Casablanca en 2004, les fresques de ce jeune peintre plasticien se trouvent habitées par les lignes droites et constructives. Des lignes qui échappent certainement à son élan artistique pour venir témoigner de ses études et recherche en matières de design d'intérieur et plus précisément en matière d'architecture nord africaine. Jaune, marron, rouge, les différents degrés de ces couleurs viennent se poser sur le fond des toiles d'Ajarrar. Les douze toiles exposées de cet artiste témoignent d'un travail minutieux où se joignent plusieurs techniques allant de l'utilisation des sables, pigments aux bouts de papiers. Des outils qui garantissent une grande richesse expressive aux fresques ce jeune artiste plasticien. Plutôt que de se positionner dans un mouvement ou une école, l'artiste Hassan Mounazil s'est investi dans ce travail d'artiste. Laissant cette marge d'interprétation et de critique au public et aux critiques. Mounazil, tente de créer son propre monde, un monde de créativité située entre les deux rives du réel et de l'imaginaire et de l'indomptable. Pour Mounazil, la peinture est un miroir qui expose le monde. L'art plastique est un monde de découverte où se marient l'accident et le hasard. Même les couleurs échappent à un choix préétabli mais se dégagent plutôt de cette violence inouïe de créativité qui guide l'artiste dans son travail. «Seul le regard peut percer l'univers de la toile», souligne-t-il. Moubarak Ammane, Abdellatif Ajarrar et Hassan Mounazil, les Gadiris, lauréats de l'école des Beaux-arts de Casablanca exposent collectivement au sein du musée amazigh d'Agadir. Cette initiative est le fruit de leur collaboration au sein de l'Association Atelier 9 d'art et de culture, annonçant ainsi l'avènement d'un nouveau mouvement artistique.