Un clochard qui a tué son ami à coups de couteau a été condamné, par la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, à 10 ans de réclusion criminelle. «Qui a imaginé tuer son ami ? », s'interroge Ahmed devant les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Vêtu d'une chemise bleue, d'un blue-jean et de sandales en plastique noir, Ahmed se tenait, ce jour de mars, au box des accusés. «J'étais dans un état d'inconscience, M. le président…», a-t-il précisé à la Cour, comme s'il cherchait à bénéficier de circonstances atténuantes. Né en1989, Ahmed a ouvert ses yeux dans une famille qui occupe une baraque aux Carrières Al Kabla, Hay Mohammadi, à Casablanca. Seul le père, marchand ambulant de son état, subvenait aux besoins de cette famille composée d'une fratrie de six personnes. À l'instar de ses aînés, Ahmed n'a pas dépassé les classes primaires pour tomber dans les bras du vagabondage. De fil en aiguille, Ahmed est devenu esclave de la colle à dissolution, connue communément sous le nom de «silicioune». Il ne retournait que rarement chez lui pour rendre visite à sa mère. Alors que son père le chassait à chaque fois qu'il le croisait à la maison. Bien qu'Ahmed fréquentât plusieurs vagabonds, il entretenait une relation d'amitié particulière avec Redouane. Les mauvaises langues parlaient d'une relation homosexuelle entre les deux amis. D'abord, Redouane est l'aîné d'Ahmed de deux ans. Ils ont grandi dans le même «quartier» et ont fréquenté la même école primaire. Contrairement à Ahmed, Redouane n'a pas dépassé les deux premières années du primaire. Il fuguait. Redouane a commencé tôt le vagabondage et l'inhalation de la colle à dissolution. «Nous passions ensemble la majeure partie de temps à errer dans les rues et les boulevards surtout au centre-ville, nous inhalions la colle à dissolution, nous nous débrouillions pour manger, nous demandions l'aumône et parfois nous agressions des piétons surtout les femmes pour avoir de quoi acheter des tubes de colle et quelques comprimés psychotropes…Nous étions de vrais amis », a-t-il raconté à la cour. Qu'est-ce qui est arrivé pour que leur relation finisse tragiquement ? Tous les deux inhalaient de la colle à dissolution. Quand Redouane a perdu «la tête», il ne retenait plus sa langue et a commencé à insulter son ami Ahmed, qui en ignorait la raison et qui a tenté de se contenir. Mais, Redouane a dépassé les limites quand il a commencé à traiter la mère et la sœur d'Ahmed de prostituées. Hors de lui, Ahmed a brandi un couteau et lui a asséné deux coups mortels. «Je n'avais l'intention que de le faire taire…», a précisé Ahmed qui a fondu en larmes. Son avocat, constitué dans le cadre de l›assistance judiciaire, a expliqué à la Cour qu'Ahmed aimait son ami avec qui il partageait tant le bien que le mal et qu'il n'avait pas l'intention de le tuer. L'avocat a demandé les circonstances atténuantes pour Ahmed. Et la cour l'a condamné à dix ans de réclusion criminelle.