Récemment, une centaine de séparatistes repentis ont rejoint la mère patrie. Bouzid Ouled Bouih, un cheikh de tribu, en fait partie. Il témoigne contre l'horreur qui continue de prévaloir dans les camps de Tindouf. ALM : Actuellement, comment se présente la situation dans les camps de Tindouf ? Bouzid Ouled Bouih : La situation est tout simplement catastrophique. Depuis 1975, une partie des dirigeants du Polisario profite du conflit en détournant les aides humanitaires, alors que l'écrasante majorité des Sahraouis séquestrés vit dans la précarité. Ils manquent de tout (médicaments, nourriture, etc). Cette situation est inconcevable, et elle ne doit pas durer encore, sinon les choses vont s'aggraver. La communauté internationale est appelée à redoubler d'efforts pour le règlement définitif de ce conflit. Vous avez un appel à lancer à vos frères restés dans les camps de Tindouf ? Je leur demande d'exprimer, par tous les moyens, leur colère contre la direction du Polisario et les autorités algériennes, et je leur dis que le moment est venu pour se réconcilier avec la mère patrie, le Maroc, conformément à l'appel lancé par feu Hassan II et réitéré par SM le Roi Mohammed VI : «La patrie est clémente et miséricordieuse». Les personnes qui hésitent encore à rejoindre le Royaume doivent faire appel à la raison et à la logique pour leur bien et celui de leurs enfants. D'ailleurs, personnellement, je fais partie du groupe de 100 personnes ayant pu regagner le pays récemment, et j étais vraiment étonné par l'accueil qui nous a été réservé, ainsi que le développement que connaissent les provinces du Sud, ce qui montre que sous la souveraineté marocaine, le Sahara est entre de bonnes mains. Quel regard portez-vous sur le Maroc d'aujourd'hui? Le Maroc sous l'égide de Sa Majesté Mohammed VI ouvre ses bras à tous les Sahraouis, qui doivent saisir cette chance historique pour mettre fin à des souffrances qui ont beaucoup duré. Ça fait maintenant plus de trente ans que la direction du Polisario suit les directives du pouvoir et des renseignements algériens, c'est quoi le résultat? Les choses se compliquent de jour en jour, les souffrances des Sahraouis de Tindouf s'aggravent physiquement vu notamment le manque de nourriture et des médicaments, et moralement à cause de la séparation des enfants et leur déportation vers le Cuba. Comment les Sahraouis de Tindouf trouvent la solution du projet d'autonomie ? Depuis qu'il a été annoncé, le projet d'autonomie suscite un intérêt particulier chez les Sahraouis de Tindouf. Ces derniers veulent mettre fin à ce conflit, qui leur a fait souffert pendant trois décennies, et ils ont aujourd'hui le sentiment que le moment est venu spectable pour toutes parties impliquées dans ce conflit et réunir ainsi de nouveau les familles sahraouies. Le ras-le-bol des séquestrés de Tindouf Les autorités marocaines ont accueilli, fin février 2008, dans la région frontalière avec la Mauritanie, Mhiriz, plus d'une centaine de dissidents du Polisario. Ce retour intervient près de trois mois après la «Déclaration» historique de Gjijimat, proclamée le 15 décembre 2007, lors du congrès du même nom tenu parallèlement et non loin de l'endroit où a eu lieu le 12ème congrès du Polisario à Tifariti. Dans cette déclaration, les congressistes de Gjijimat avaient annoncé, ouvertement, leur adhésion à la solution d'autonomie proposée par le Royaume du Maroc, marquant, par la même occasion, leur dissidence vis-à-vis de la direction du Polisario. Ce retour collectif a coïncidé avec la célébration, par le Polisario, du 32ème anniversaire de sa création le 27 février. Manière de dévoiler la supercherie de la direction du Polisario, dont le « divorce » avec la population séquestrée a pris une ampleur telle que la bande à Mohamed Abdelaziz en est aujourd'hui réduite à brasser du vent. Plus encore, le raz-le-bol augmente dans les camps de Tindouf où la répression et l'absolutisme sont les maîtres mots.