Selon Ahmed Salem Latafi, membre du Corcas, tenir la deuxième session du Corcas à Smara est une action hautement symbolique. En outre, le Polisario, soutient-il, se retrouve aujourd'hui dos au mur. L'Algérie n'a plus le temps de l'armer et le soutenir. ALM : Le Corcas tient sa deuxième session de cette année à Smara. Quelle est la portée politique du choix de Smara ? Ahmed Salem Latafi : L'organisation de la deuxième session de cette année du Corcas dans la ville de Smara revêt une grande symbolique. Tenir cette session en ce moment même où se réunit le XIIème congrès du Polisario, dans la ville la plus proche de la zone démilitarisée de Tifariti, est une manière de dire au monde entier que nous sommes ici et que nous allons y rester. Nous allons opposer au congrès du Polisario une réunion du Corcas avec ce que tout cela suppose comme forte présence de la presse nationale et internationale. Les membres du Corcas vont délibérer des affaires économiques et sociales de la région et du projet d'autonomie proposé par le Maroc. Ils vont parler surtout du développement du Sahara, ce qui est une manière de dire que nous, population de cette région, sommes capables de prendre en main nos affaires. Certes, le Corcas est un organe consultatif, il n'a pas les moyens et les prérogatives du gouvernement pour entamer des projets de développement, mais il va y contribuer en concertation avec toutes les parties concernées. Il va s'impliquer pleinement et fermement dans le développement économique et social de la région. En somme, c'est pour dire que les Sahraouis sont capables de penser leur développement et qu'ils sont confiants quant au projet d'autonomie proposé par le Maroc. Un projet sérieux, et fiable. La ville de Smara a été choisie parce que d'abord c'est la capitale spirituelle du Sahara, c'est le berceau de la zaouïa des Mae El Ainine, c'est dire sa valeur symbolique pour les habitants de la région. Après avoir tenu une première session à Laâyoune, la ville de Smara est tout indiquée pour cette seconde session. Le choix est également dicté par des considérations conjoncturelles d'autant que c'est la ville la plus proche des frontières algériennes et de la zone démilitarisée. Le développement des infrastructures de transport et le projet d'autonomie sont au centre de vos travaux. Quels résultats souhaiteriez-vous obtenir à ce niveau ? Le thème des infrastructures est d'une importance capitale. Le développement des infrastructures de transport et autres implique le renforcement de l'autonomie de la région. La question a d'ailleurs été largement exposée lors des deux dernières étapes des négociations à Manhasset lors desquelles ont été présentés des exposés des potentialités de la région et des infrastructures que l'Etat marocain a développées. Le renforcement des infrastructures dans la région est donc une manière de prouver, s'il en est encore besoin, que la proposition marocaine d'autonomie est sérieuse et fiable et que sa volonté d'impliquer les populations de la région dans leur propre développement économique et social n'est plus à démontrer. Les membres du Corcas vont ainsi examiner des rapports et exposés chiffrés sur la situation des infrastructures de transport dans la région et vont soumettre à SM le Roi une motion reprenant les grandes lignes de leurs débats. Comment se présente pour vous le troisième round des négociations ? C'est grâce à l'initiative marocaine que les pourparlers ont repris. Contrairement à ce qu'on laisse entendre auprès des dirigeants du Polisario, je vois mal comment le Maroc va reculer. Le Maroc ira à Manhasset, fort de sa proposition et de l'appui des puissances internationales. Les derniers développements ont montré que le Polisario a aujourd'hui le dos au mur. Il y a de plus en plus de gens, au sein même du Polisario, qui croient en le projet d'autonomie proposé par le Maroc. D'autres considèrent qu'ils ont beaucoup attendu et qu'il est temps de trouver une solution à la question. Le Polisario est aujourd'hui incapable d'innover et de faire des contre-propositions. Tout ce que ses dirigeants ont trouvé de mieux, c'est de menacer de reprendre des armes. Ce qui ne surprend pas vu que c'est une organisation totalitaire au sein de laquelle la pratique démocratique n'a pas de place. De toutes les manières, le Polisario ne peut pas prendre d'initiative, il ne peut ni accepter ni refuser quoi que ce soit. Or, la situation actuelle est telle que l'Algérie n'a plus le temps de l'armer ni le soutenir. Elle fait face à une situation intérieure encore plus grave.