La nouvelle loi de Finances n'en finit pas d'attiser le mécontentement de certains partis politiques marocains, suscitant un vif débat sur la politique monétaire et la stratégie gouvernementale en économie. Entretien avec Lahcen Daoudi, numéro deux du Parti de la justice et du développement. ALM : Vous parlez souvent lors dans vos conférences d'«économie islamique». Qu'entendez-vous par ce concept ? Lahcen Daoudi : L'économie islamique est une discipline enseignée dans beaucoup d'universités au monde. A Fès, j'ai encadré beaucoup de recherches en la matière. Au Maroc, on a introduit des produits financiers islamiques mais beaucoup de gens ne savent pas ce que c'est, y compris à l'université, ce qui n'est pas normal. L'économie islamique doit avoir sa place à l'université marocaine. Vous dites que le PJD n'est pas un parti religieux et que vous n'êtes pas contre l'accueil au sein de votre parti de membres de confession juive, pourtant toutes vos propositions prouvent le contraire. Comment expliquez-vous cet antagonisme ? Un parti religieux est un parti qui a vocation de faire connaître aux gens leur religion et qui ne recrute que sur une base religieuse. Au PJD, nous avons un programme qui trace notre vision et nos projets. Quel est votre avis sur le label «halal» des nouveaux produits bancaires marocains ? C'est tout à fait convenable car les taux d'intérêt ne sont pas admis en Islam comme dans d'autres religions Vous vous êtes abstenus de voter en faveur de la loi de Finances 2008. Que reprochez-vous à cette loi ? Il n' y a pas de quoi se réjouir. C'est une loi de Finances qui consacre les inégalités et qui donne des cadeaux fiscaux aux banques et aux grandes entreprises tout en continuant d'imposer les produits de base. En outre, il convient de savoir que la Taxe intérieure sur la consommation (TIC) concernant les vins n'a pas bougé depuis 1979 pour se rendre compte qu'on aurait pu mobiliser des ressources autres que la TVA sur le thé ou sur le sel de table ou sur les fournitures scolaires Vous avez également souligné la nécessité d'une réforme de l'agriculture. Que proposez-vous à ce sujet ? Face à la montée des prix à l'international, l'agriculture marocaine doit reprendre sa place en tant que priorité pour couvrir 70 à 80% de nos besoins. On peut aussi envisager 1,5 million d'ha d'oliviers pour 2015 contre 5000 ha actuellement