Le PJD a déjà préparé son plan de bataille parlementaire. Son secrétaire général-adjoint, Lahcen Daoudi, estime que le nouveau gouvernement ne résistera pas longtemps et que des élections anticipées seront nécessaires. ALM : Comment qualifiez-vous, au sein du PJD, la nouvelle formation gouvernementale ? Lahcen Daoudi : C'est un gouvernement mort-né. Il ne bénéficie d'aucun capital de confiance. Il doit s'attendre à une opposition interne avant celle qu'il affrontera au Parlement. Le Maroc mérite mieux. En fait, aucun lien logique ne réunit cette formation et elle risque de s'embourber dans peu de temps. Par ailleurs, je trouve que c'est un gouvernement qui a un problème de nombre de portefeuilles. Si, lors de ses négociations, Abbas El Fassi n'a cessé de nous parler d'une équipe ramassée, je me demande si le gouvernement qui vient d'être nommé est un gouvernement restreint ? Et cela d'autant plus que, si au début des tractations nous avons assisté à une sorte de comédie, maintenant c'est devenu une tragi-comédie. Cette majorité ne peut pas durer. Elle est déjà handicapée par la perte d'un allié qu'est le Mouvement Populaire. En somme, personne n'y comprend plus rien. Comment voyez-vous l'opposition parlementaire aujourd'hui constituée de trois des six partis arrivés en tête à l'issue du scrutin du 7 septembre ? Nous allons nous ennuyer dans l'opposition. L'actuelle composition gouvernementale n'augure en rien qui mérite que l'on s'y oppose. Je viens de souligner que le gouvernement est déjà handicapé, il ne faut donc pas le bousculer sinon, il va finir par tomber. C'est un gouvernement très fragile. Par ailleurs, d'ici on peut déjà s'attendre à ce que le Parlement soit le plus souvent vide. Les notables vont finir par déserter leurs partis et l'hémicycle. L'on se demande déjà, faute de compétence chez les nouveaux députés, qui présidera des commissions d'une importance capitale telles que celle des Finances ou de la Justice. D'un autre côté, ce gouvernement n'est pas fait pour durer. Il faudrait réfléchir dès maintenant à des élections anticipées. Peut-être dans une année ou deux. Car le Maroc ne peut pas fonctionner avec du bricolage. Est-ce que vous prévoyez une éventuelle coordination avec les partis de la droite libérale, le MP et l'UC notamment ? Effectivement, nous allons coordonner avec les autres composantes de l'opposition, le MP et l'UC notamment. En tout cas c'est ce que nous souhaitons. Il faut dire aussi que le gouvernement doit s'attendre à une forte opposition non seulement au sein du Parlement, mais dans la rue également. Toutefois, il semble déjà que la pièce maîtresse de ce gouvernement se trouve ailleurs. Il est clair que cette formation ne dispose pas de majorité absolue. Elle devra donc puiser dans les fonds des caisses. Elle dispose d'une rallonge parlementaire en dehors de la majorité gouvernementale. Pour moi, et je continue à le dire, tout cela n'est pas clair. Et quels sont les dossiers sur lesquels le PJD compte baser sa stratégie d'opposition durant cette législature ? Pour le moment, nous avons déjà élu notre président du groupe. Et tout ce que je peux dire c'est que le gouvernement ne devrait pas compter sur le PJD pour l'amadouer. Notre parti va faire son travail et cela se verra dès le débat de la déclaration gouvernementale. Nous allons aussi mettre à l'épreuve la nouvelle formation dont les partis membres n'ont cessé de se plaindre ces derniers temps de la balkanisation du paysage politique. Nous allons les prendre au mot puisque nous préparons une proposition d'amendement du code électoral allant dans ce sens : nous allons demander le relèvement du seuil de participation pour réduire cette balkanisation. La discussion de la loi des Finances sera également un point crucial dans notre action. Sur le volet social, nous attendrons Nouzha Skalli au tournant puisque le social sera l'un de nos principaux chevaux de bataille. Nous allons également nous atteler au très épineux problème de la corruption qui gangrène notre économie et notre société. Nous allons appeler à la constitution des commissions d'enquête au sein du Parlement pour s'attaquer à ce problème. Nous allons travailler sur des dossiers précis, exiger des réformes et mettre en exergue les failles qui empêchent les réformes de secteurs comme l'enseignement et la justice d'aller de l'avant.