Les prochaines municipales françaises, qui auront lieu dans quatre mois, donneront certainement lieu à une bataille qui sera non seulement déterminante mais aussi riche d'enseignements. Ce scrutin sera, à ne pas en douter, organisé sous le double signe de l'ouverture et de la pluralité. Autant quand il s'agira d'ouverture, cela sera pour s'inscrire dans le prolongement du projet de Sarkozy qui consiste à exploser les schémas classiques en abolissant les frontières entre la droite et la gauche. Et le spectacle vaudra le coût. Ce sera trahisons, adultères politiques et autres meurtres entre amis. Autant quand il s'agira de la pluralité, il faudra réussir le forcing de faire des places, dans un scrutin de liste qui favorise cela, pour des acteurs censés incarner la diversité française. De ce côté-ci, ce sera l'heure de vérité. L'hypocrisie de la classe politique française sera au pied du mur. Ce qui est important dans une liste municipale, en dehors de la tête de liste, ce sont généralement les dix premières places, surtout dans les grandes villes. Y figurer, garantit l'élection. En cas de victoire de la liste, cela va sans dire. Mais aussi en cas de défaite pour rejoindre le camp de l'opposition municipale. Dix places avec cinq réservées à des femmes comme l'impose la loi sur la parité, c'est très peu. Comme on compte généralement plus d'hommes parmi les acteurs issus de l'immigration engagés dans la politique, la recherche de la femme maghrébine, turque ou africaine prend l'allure d'une chasse. Le cynisme peut aller jusqu'à l'utilisation de la parité pour se débarrasser des militants aguerris mais encombrants. Les pays du Nord comme la Hollande ou la Belgique ont fait émerger des acteurs politiques qui incarnent la diversité en procédant par le bas. La France, depuis dix ans, tente d'imposer des figures de la diversité par le haut. Mitterrand avait commencé par Kofi Yamgnane, le Togolais naturalisé français. Chirac a lancé Hamlaoui Mekachera, Tokia Saïfi et Azouz Begag. Sarkozy à sa Dati, la Fadela et Yade. Hormis Yamgnane, aucune de ces personnalités n'a un enracinement local. On commence donc par greffer, au sommet une personnalité puis on l'envoie à la conquête d'un terrain. Et c'est là où les difficultés commencent. C'est le cas d'Azouz Begag. Ancien ministricule de De Villepin, il semble manquer de chance dans sa carrière politique lui qui était le ministre de la chance. Il vient de jeter l'éponge dans sa course à l'investiture en retirant sa candidature pour les élections municipales de Lyon. Bon soit, le costume est très gros pour lui, mais tout de même. Soit. Aux dernières législatives, il avait réalisé un 15% avec l'étiquette UDF-Modem. Mais point trop n'en faut. On ne va quand même pas laisser la tête de liste à un Arabe. Azouz qui ne renonce pas pour autant à la politique, reste un adepte de la phrase incantatoire : «Quand on est né dans un bidonville et qu'on a passé 20 ans dans une cité, les petits bobos de la politique ne sont rien du tout, ce sont des bobos de luxe», aurait-il-déclaré. On assume comme on peut.