Un grand esclandre a marqué la réunion, hier, du comité central du Mouvement populaire, opposant plusieurs militants et une direction accusée de vouloir faire du parti sa propre chasse gardée. La crise au sein du Mouvement populaire s'est aggravée hier, lors de la réunion de son comité central au complexe Moulay Rachid, à Salé. Le déroulement de cette réunion a été marqué par de vives protestations exprimées par des membres du comité central, qui ont affirmé à ALM avoir été interdits de force d'assister à cette réunion. Un membre du courant dit pour le redressement du MP, Mohamed Soukrate, a vigoureusement dénoncé le recours par la direction à des agents de sécurité privés pour empêcher les cadres du parti d'assister à la réunion, signalant «l'illégalité» de cette réunion qui aurait exclu les deux tiers des membres du comité central. «Le quorum pour la tenue de cette réunion n'a pas été respecté, et les dirigeants du parti ont fait appel aux députés et autres conseillers pour remplir la salle», s'est indigné M. Soukrate, dans une déclaration à ALM. Un rapport détaillé sur la situation interne au sein du MP a été rendu public hier, au nom du courant en question. Dans ce rapport, un diagnostic accablant a été livré par les signataires (au nombre de cinquante) sur ce qu'ils ont appelé «le détournement du parti au profit d'un groupe d'opportunistes» désireux de «faire du parti leur propre chasse gardée». La tension a atteint hier des sommets, au point que le secrétaire général du MP, Mohand Laenser, s'est vu contester toute «légitimité» pour diriger le parti. «M. Laenser n'a pas été élu», dénonce M. Soukrate, indigné. Pour nombre des militants MP, la commission qui a été chargée d'évaluer l'échéance électorale du 7 septembre dernier, et les négociations engagées avec le Premier ministre pour la formation du gouvernement, n'avait pas de «crédibilité», d'autant que les membres qui y ont siégé sont «ceux-là mêmes qui ont contribué à l'affaiblissement du parti». Autre fait contesté dans le rapport, «l'absence d'une stratégie pour gérer la fusion entre les trois anciens partis populaires», à savoir le MNP, le MP et l'UD. «Le rêve de rassembler les membres de la famille harakie s'est évaporé en l'absence d'un terrain d'entente et d'une vision claire pour la gestion de la fusion entre les trois pôles harakis», déplore le rapport, qui critique la formule du «bon débarras» érigée à la face de toutes celles et tous ceux qui osent exprimer une opinion différente de celle de la direction. Le licenciement de Mohamed Mansouri serait une preuve édifiante sur la mentalité avec laquelle les dirigeants conduisent le parti. «M. Mansouri a été chassé du parti pour la simple raison qu'il a exprimé sa volonté de changement, en créant un comité élargi pour la bonne gouvernance», explique un militant MP. Dans un communiqué, rendu public le 30 novembre dernier, le bureau politique du parti haraki a fait appel à l'article 31 du statut du parti pour justifier ce licenciement. Contacté, hier, M. Mansouri a affirmé que «cette décision controversée reflète l'état d'esprit autoritariste qui préside à la direction du parti», ajoutant qu'il va recourir à la justice pour obtenir réparation.