Le courant réformateur du Mouvement populaire décide de faire appel à la justice pour contester les résolutions de la dernière réunion du comité central du parti. A défaut de se faire entendre, lors de la réunion du comité central tenue dimanche au centre Moulay Rachid à Salé, les membres du « Courant réformateur » du Mouvement populaire décident de recourir au tribunal administratif. Le courant, qui compterait 55 membres du comité central, rejette l'ensemble des résolutions prises à l'issue de cette réunion pour «faute de quorum», explique Mohamed Soukrat, chef de file du groupe contestataire. «Toutes les résolutions auxquelles a abouti cette réunion sont illégales, car prises en l'absence des deux tiers de membres du comité central», explique M. Soukrat. «Nombre de membres du comité central se sont retirés lors des séances de vote. C'est le cas de nombreux parlementaires et conseillers des régions de Meknès et du Gharb. À cela s'ajoutent les contestations devant la porte de la salle ayant abrité cette réunion», indiquent les contestataires. Le «Courant réformateur» qui réfute également le contenu du rapport financier présenté par les dirigeants du parti «parce que ne contenant pas de détails concernant la rubrique des dépenses» appelle, par ailleurs, à la tenue d'un congrès extraordinaire et la constitution d'une commission préparatoire. «Une commission indépendante de la direction du parti pour qu'elle puisse travailler librement», affirment des militants MP. Selon ces derniers, l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Boutaleb, aurait également appelé à la tenue d'un congrès extraordinaire du parti. Du côté de la direction du parti, l'existence même de ce courant, ou d'une «commission élargie de bonne gouvernance», est démentie. «À ce jour, aucune instance et groupement n'ont saisi le bureau politique ou une instance du parti de la constitution d'une telle commission», souligne un communiqué du bureau politique du MP. «Nous voulons une confrontation d'idées et d'opinions, une diversité de courants, mais pas une lutte de personnes pour des intérêts personnels », affirme Mohammed Ouzzine, membre du comité central. «Oui à la démocratie interne et non à l'anarchie», ajoute-t-il. Ce dernier s'étonne que ces dissensions n'aient surgi qu'après que le parti ait été contraint à évoluer dans l'opposition. Or, estime M. Ouzzine, «le passage à l'opposition est une chance pour le parti et une occasion pour sa restructuration. Et nous ne voulons pas que des gens profitent de sa situation actuelle pour l'affaiblir». À noter que le courant dit réformateur a vigoureusement dénoncé le recours de la direction à des agents de sécurité pour «empêcher des cadres du parti à assister à la réunion de dimanche dernier». Dans un rapport sur «la situation interne du Mouvement populaire», rendu public récemment, les membres de ce courant ont pointé du doigt différentes anomalies dans la gestion du parti. Ils ont dénoncé ce qu'ils qualifient de «détournement du parti au profit d'un groupe d'opportunistes» désireux de «faire du parti leur propre chasse gardée». Les membres du courant sont allés jusqu'à contester la légitimité de la désignation de Mohand Laenser à la tête du parti. Pour sa part, M. Ouzzine reconnaît qu'«il y a eu des erreurs dans la gestion de la fusion entre les trois composantes du parti». Toutefois, tient-il à préciser, «ces accusations portées contre le parti et ses dirigeants font partie d'une pression exercée par certains militants du parti pour assouvir leurs intérêts personnels».