Le check-up des candidatures a convaincu que la sélection des élites était génétiquement étrangère aux structures partisanes. La Radio et la télé qui ont programmé une flopée d'émissions ont mis à nu l'indigence intellectuelle des appareils. L'annonce de la démission de Fouad Ali Al Himma et son intention de se présenter aux élections probablement à Benguérir, a eu l'effet d'un cataclysme. Personne n'y a vu un signe de fatigue, ou de déchéance de l'un des principaux collaborateurs du Roi. C'est un signe, mais quel est le message ? Et quelle est la nouvelle mission, parce qu'il y en a forcément une de ce fils d'enseignant qui a voué sa vie au Monarque et à l'Etat? C'est pour être Premier ministre, mais issu du Parlement, se sont empressés de répondre les analystes de léger and co. C'est croire que le cercle concentrique royal n'a pas de profondeur. Grave erreur de jugement croyez-moi. L'interprétation la plus proche de la réalité s'inscrit dans la continuité du discours royal. La monarchie ne se vit pas en spectateur, et quand le prescripteur ne trouve pas de répondant, il met les mains à la pâte. Les partis ont déçu. Sous Mohammed VI, la règle était de les rendre, tous, autonomes. Cependant à travers la majorité de ses discours, le Roi leur fixait un cahier des charges qu'il estimait à même de leur permettre une mutation profonde. Ils applaudissaient à chaque fois et continuaient comme si de rien n'était. Le check-up des candidatures a convaincu que la sélection des élites était génétiquement étrangère aux structures partisanes. La Radio et la télé qui ont programmé une flopée d'émissions ont mis à nu l'indigence intellectuelle des appareils. Le Roi envoie donc son homme de confiance secouer le cocotier. On verra ce que feront les uns et les autres et s'il y a encore un souffle de vie dans des structures sclérosées depuis 20 ans. Les anciens font le parallèle avec Guedira . Malgré les apparences, cette comparaison n'a pas des sens. Hassan II avait chargé son ami de monter un rassemblement qui s'appuierait sur les forces rétrogrades, les représentants de l'arrière-pays et les quelques libéraux pour contrer le mouvement national. La guerre des légitimités battait son plein, les stratégies de rupture étaient déjà en place et le mouvement hétéroclite n'avait aucune chance. Pourtant Reda Guedira était, selon ses proches, un véritable libéral. Aujourd'hui, Fouad Ali El Himma et ceux qui marchent avec lui, parce qu'il n'est sûrement pas seul dans l'aventure, ont pour mission de révolutionner le champ politique. Comment ? On n'en sait rien pour le moment et il est probable que cela dépendra du nécessaire débat démocratique que cette « intrusion » suscitera. Il faut savoir si cette intrusion se fera par le biais d'un parti existant, d'un nouveau ou en solo. Cette dernière option signifierait une intrusion «consensuelle» où tous les partis auront un «phare» sur place au Parlement. Elle a les faveurs des observateurs mais me paraît de portée limitée et bute surtout sur l'interdiction faite depuis 3 législatures aux candidatures SAP. On voit mal cette opération remodelage passer par une entorse aux règles dès le premier jour. La feuille de route n'est pas encore claire, elle le sera plus dans quelques jours. La classe politique au lieu de s'adapter, pourrait s'imposer la réflexion sur la construction démocratique qu'elle refuse même à l'intérieur de ses structures. Le désaveu royal ne fait plus partie d'un bras de fer, qu'ils n'ont plus ni les moyens ni la volonté d'imposer. Dès lors, il reste aux « Zaïms » de savoir s'ils veulent faire jouer un rôle à leurs organisations ou se limiter à la posture de supplétifs dont la seule compétition concerne les postes en passant par l'applaudimètrie. Dans ce contexte, le coup de pied dans la fourmilière sera peut-être salutaire : nous pourrons enfin ressusciter la politique que le consensus mou et crétin a tuée, les vrais militants engagés reviendraient peut-être pour chasser, cette fois, les apparatchiks aux mesquines ambitions.