Le gouvernement a ordonné, samedi soir, la saisie des deux derniers numéros des hebdomadaires «Tel Quel» et «Nichane». Le directeur des deux publications, Reda Benchemsi, été interrogé par la PJ de Casablanca. «Tel Quel» et son penchant arabophone «Nichan» viennent à nouveau de défrayer la chronique. Le gouvernement a ordonné samedi soir la saisie des deux derniers numéros des deux hebdomadaires. Dans le même temps, et sur instructions du parquet général, le directeur des deux publications, Reda Benchemsi, a été convoqué par les services de la Police judiciaire pour interrogatoire au sujet du contenu de certains articles jugés attentatoires au «respect dû à SM le Roi» et à «la morale publique». Un communiqué du Premier ministre rendu public samedi, et relayé par l'agence MAP, invoquait ces deux dernières raisons pour expliquer la décision de saisie des numéros en question. Dans le cas de «Nichane», le communiqué de la Primature indique que le numéro 113-114 de cet hebdomadaire «a publié un éditorial et des articles comprenant des expressions contraires à la morale, qui heurtent les sentiments des musulmans et constituent, en plus, un manquement au respect dû à Sa Majesté le Roi». Dans son dernier numéro de samedi, le versant arabophone du groupe «Tel Quel» a critiqué des propos concernant la monarchie et les élections législatives du 7 septembre 2007, tenus par SM le Roi Mohammed VI lors de son discours du 30 juillet à l'occasion du huitième anniversaire de son intronisation. Dans le même numéro, «Nichane» a publié un dossier intitulé «Le sexe dans la culture islamique», illustré de tableaux de peinture et accompagné de citations d'anciens poètes et auteurs arabo-musulmans sur la sexualité. Le contenu des articles incriminés comporterait des expressions allant «à l'encontre des mœurs et de la morale publique». En ce qui concerne le versant francophone de la publication, il est reproché à «Tel Quel» des propos constituant «un manquement au respect dû à Sa Majesté le Roi». Pour rappel, «Nichane» avait fait l'objet fin 2006 d'une même décision de saisie ordonnée par le Premier ministre. La publication avait publié un dossier intitulé « Comment les Marocains rient de la religion, du sexe et de la politique ». Les auteurs de ce dossier avaient été condamnés en janvier 2007 à trois ans de prison avec sursis et une amende de 80.000 dirhams pour «diffamation envers l'Islam et la monarchie». Dans le cas qui se présente, ce sont les deux publications du groupe « Tel Quel » qui se trouvent au cœur de cette nouvelle affaire. Après la saisie, «le gouvernement tiendra à ce que la justice dise son mot (…) dans le respect total de son indépendance», peut-on lire dans le communiqué du Premier ministre. Dans le même communiqué, le chef de gouvernement a dénoncé des «dérapages qui sont contraires aux lois, à la moralisation de la vie publique, à la restructuration du paysage médiatique escomptée en général et de la presse écrite en particulier». En ce qui concerne le directeur des deux publications, Reda Benchemsi, son interrogatoire, samedi dernier, devait «porter sur des articles mettant en cause le prophète et portant atteinte à la moralité publique et aux bonnes mœurs», a indiqué la MAP, citant «des sources proches de l'enquête».