Le directeur de publication de «Tel Quel» et de «Nichane» a été convoqué par la police judiciaire une troisième fois, lundi 6 août, avant d'être déféré devant le parquet. Le rédacteur en chef de «Nichane», également convoqué, n'a finalement pas été entendu. L'affaire de «Tel Quel» et «Nichane» débouche sur de nouveaux rebondissements. Après un interrogatoire marathon de 12 heures pendant lequel Ahmed Reda Benchemsi a été entendu par la police judiciaire, dimanche, celui-ci a été convoqué une troisième fois. Hier lundi 6 août, le directeur de publication de «Tel Quel» et de «Nichane» a été convoqué et devait se rendre vers midi à la préfecture de police. Un jour auparavant, c'était au tour de Redouane Ramdani, rédacteur de chef de «Nichane», d'être convoqué par la police judiciaire et obligé à suspendre ses vacances en famille dans la région d'Oujda. Il s'est présenté lundi dans les locaux de la PJ vers 11h, mais on lui a signifié que le parquet a décidé finalement de ne pas recueillir ses déclarations. La police lui a demandé néanmoins de rester à sa disposition le long de l'instruction de l'affaire. Selon des sources proches du dossier, l'imprimeur des deux hebdomadaires et le distributeur ont également été entendus par la police. En réaction à cette nouvelle affaire, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a appelé à un arrêt de travail d'une demi-heure aujourd'hui mardi 7 août. Un sit-in serait également envisagé devant le tribunal de première instance de Casablanca. Pour rappel, le gouvernement avait ordonné, samedi 4 août dans la soirée, la saisie des deux dernières éditions des deux hebdomadaires. En même temps, et sur instructions du parquet général, le directeur des deux publications, Ahmed Reda Benchemsi, a été convoqué par les services de la Police judiciaire pour interrogatoire au sujet du contenu de certains articles jugés attentatoires au «respect dû à SM le Roi» et à «la morale publique». Le premier interrogatoire a duré de 18h à 2h du matin. Le lendemain, il a été convoqué pour un autre interrogatoire qui a duré de 9h à 21h. Un communiqué du Premier ministre rendu public samedi, et relayé par l'agence MAP, invoquait ces deux dernières raisons pour expliquer la décision de saisie des numéros en question. Dans le cas de «Nichane», le communiqué de la Primature indique que le numéro 113-114 de cet hebdomadaire «a publié un éditorial et des articles comprenant des expressions contraires à la morale, qui heurtent les sentiments des musulmans et constituent, en plus, un manquement au respect dû à Sa Majesté le Roi». Dans son dernier numéro de samedi, «Nichane» a critiqué des propos concernant la monarchie et les élections législatives du 7 septembre 2007, tenus par SM le Roi Mohammed VI lors de son discours du 30 juillet à l'occasion du huitième anniversaire de son intronisation. Dans le même numéro, «Nichane» a publié un dossier intitulé «Le sexe dans la culture islamique», illustré de tableaux de peinture et accompagné de citations d'anciens poètes et auteurs arabo-musulmans sur la sexualité. Le contenu des articles incriminés comporterait des expressions allant «à l'encontre des mœurs et de la morale publique». En ce qui concerne le versant francophone de la publication, il est reproché à «Tel Quel» des propos constituant «un manquement au respect dû à Sa Majesté le Roi».