Suite à la publication d'une caricature jugée injurieuse à l'égard du Prince héritier et de son épouse, le juge Del Olmo a ordonné la saisie du dernier numéro de la revue satirique «El Jueves» et engagé des poursuites judiciaires contre son directeur qui risque jusqu'à deux ans de prison. «La liberté d'expression et le respect des institutions doivent cohabiter dans une démocratie». C'est en ces termes que la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa de La Vega, a réagi à la décision de la justice madrilène de procéder à la saisie dans les kiosques du dernier numéro du magazine satirique «El Jueves» (Le Jeudi) et d'engager des poursuites contre son directeur. La décision a été prise suite à la publication par cet hebdomadaire sur la Une d'une caricature que le parquet a qualifiée d'atteinte à la Couronne. Il s'agit d'un dessin présentant les deux Princes des Asturies, l'héritier de la Couronne et son épouse en train de faire l'amour pendant que le Prince Felipe dit à son épouse : «Tu te rends compte, si tu tombes enceinte, je n'aurais jamais été aussi près de la sensation de travailler de toute ma vie». En fait, le magazine faisait référence à l'initiative du chef du gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, d'accorder une prime de 2500 euros par nouvel enfant à chaque couple vivant sur le territoire espagnol. Une mesure qui vise à redresser le taux de natalité qui est en train de baisser d'une manière préoccupante selon le gouvernement espagnol. C'est cette mesure que le directeur de la publication a voulu critiquer à travers la publication de ladite caricature. Ce qui entre dans le cadre de la liberté d'expression. Mais, la manière choisie pour exprimer cette opinion tombe sous le coup de la loi. Le juge d'instruction près l'Audience Nationale, Juan del Olmo, a accédé à la demande du procureur et a ordonné la saisie de tous les exemplaires de la revue. Il a aussi demandé au directeur de la publication de révéler l'identité du caricaturiste auteur de la vignette en question. Les deux seront poursuivis dans le cadre des articles 490 et 491 du Code pénal espagnol qui prévoient une peine allant jusqu'à deux ans de prison pour quiconque ayant commis un délit de calomnie, de diffamation ou d'injure à l'égard du Roi ou de ses descendants. Des milieux journalistiques ont aussi manifesté leur désaccord avec la décision du juge de procéder à la saisie du numéro en question appelant au respect de la liberté d'expression tout en manifestant leur désaccord avec la publication de la caricature la considérant comme « une blague de mauvais goût ». La plupart des partis politiques ont préféré ne pas commenter la décision du juge Del Olmo estimant que le respect de la souveraineté de la justice est l'un des principes élémentaires de l'Etat de droit. «La liberté d'expression a des limites qui sont protégées par les droits constitutionnels et, c'est pour cela que, dans un Etat de droit comme le nôtre, c'est à la justice qu'incombe la mission de juger si ces droits ont été violés ou non», a déclaré Joana Ortega, le porte-parole d'un parti politique catalan. De son côté, la Maison Royale espagnole a indiqué qu'elle n'a pas été à l'origine de cette affaire. Le porte-parole de cette institution, Juan González Cebrián, a rappelé, dans une déclaration à la presse, que la Zarzuela (Palais royal espagnol) respecte la décision de la justice comme elle l'a toujours fait.