Pour le troisième anniversaire de la condamnation du mur de séparation par la Cour internationale de justice, Israël continue sa construction. A Beit Jalla, l'armée israélienne vient de confisquer plus de 6 000 dunams de terres. C'est donc 6 000 dunams de terres cultivables supplémentaires que les 17.000 habitants de la ville de Beit Jalla, non loin de Bethlehem, voient disparaître au profit du mur de séparation. «Ils ne nous ont rien dit, ils ont décidé de construire le mur ici, vendredi ils sont arrivés et ils ont commencé leur travail», témoigne Rajee Zidan, le maire de la ville. «Ils nous enferme dans une prison, ils coupent les oliviers et empêchent les gens d'aller travailler dans leur champ. On ne peut rien faire, on a essayé de déposer le dossier devant une cour israélienne, mais rien n'a été fait», se désole le maire. Pourtant, le 9 juillet 2004, à l'appel des Nations unies, la Cour internationale de justice (CIJ) a émis un jugement d'opinion concernant la légalité du mur de séparation israélien. Cet avis consultatif indique que le gouvernement hébreu est dans «l'obligation de mettre un terme aux violations du droit international dont il est l'auteur ; il est tenu de cesser immédiatement les travaux d'édification du mur qu'il est en train de construire dans les territoires palestiniens occupés, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, de démanteler immédiatement l'ouvrage situé dans ce territoire et d'abroger immédiatement ou de priver immédiatement d'effet l'ensemble des actes législatifs et réglementaires qui s'y rapportent. (…)». Pour appuyer cette opinion, les Nations unies ont voté une résolution lors de l'Assemblée générale du 2 août 2004, exigeant «qu'Israël, puissance occupante, s'acquitte de ses obligations juridiques telles qu'elles sont énoncées dans l'avis consultatif de la CIJ. Depuis ce jour, Israël n'a pas obéi à ce jugement et continue d'annexer plus de terres palestiniennes, enfermant la population dans des ghettos», déclare Ali Amr, responsable de la question du mur pour l'Autorité palestinienne. «Le tracé du mur s'enfonce parfois de 12 à 20 km de la ligne verte, à l'intérieur de la Cisjordanie, notamment autour de Jérusalem, Bethlehem et dans le nord des territoires, sans compter l'annexion totale de la Vallée du Jourdain. Le mur coupe la Cisjordanie en trois grands blocs séparés», précise-t-il. Selon des chiffres des Nations unies, 10,2% de la Cisjordanie, incluants la partie Est de Jérusalem, ont été annexés par le tracé du mur. Dans un rapport spécialement édité pour l'anniversaire de cette condamnation internationale, l'Office de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) déclare que 50.000 Palestiniens vivent entre la ligne verte et le mur. La majorité d'entre eux n'a pas la nationalité israélienne, et nécessite une autorisation spéciale pour pouvoir résider sur leur propre terre. 40% d'entre eux ont pu obtenir un permis de résidence. De plus, la population palestinienne reste à la merci du harcèlement continu de l'armée israélienne. Selon l'OCHA, 72% de Palestiniens vivant entre le mur et la ligne verte se plaignent d'humiliations subies de la part des soldats israéliens. Aujourd'hui, 56,5% des 721km que doit parcourir le mur, a été construit. Depuis que la Cour de justice a rendu son jugement, 200 km environ ont été achevés par les autorités israéliennes. Aujourd'hui encore, Israël ne cesse de bafouer les lois internationales sans aucune crainte.