Peu avant l'arrivée de Condoleezza Rice, le gouvernement israélien a procédé à une nouvelle provocation en réquisitionnant plus de 1.100 dunams de terrains palestiniens pour la construction d'une nouvelle route. Le ministère israélien de la Défense a réquisitionné plus de 1.100 dunams de terres palestiniennes pour la construction d'une nouvelle route permettant de relier les villages palestiniens de la région sud-est de Jérusalem à Jéricho, dans la vallée du Jourdain. Selon l'armée israélienne, ce projet a pour but l'amélioration de la vie des Palestiniens. Cependant, le tracé de cette nouvelle route est stratégiquement étudié pour permettre l'annexion à Israël de la plus grande colonie de Cisjordanie : Ma'ale Adoumim, qui compte 32.000 habitants. C'est spécifiquement à ce propos que Condoleezza Rice a prié le gouvernement israélien de ne rien entreprendre qui pourrait «éroder la confiance des Palestiniens». Quatre villages ont vu leurs terres réquisitionnées : Abu Dis, Arab al-Sawahra, Nebi Musa et Talhin Alhamar. 70% des terres confisquées appartiennent aux habitants du village d'Abu Dis. «Nous avons reçu un avis de saisie, il y a une semaine», témoigne Ibrahim Jaffal, le maire d'Abu Dis. «Mais ces terres ont été confisquées en 1981 et sont devenues une zone militairement fermée. Depuis, nous n'avons pas le droit d'y mettre les pieds», ajoute-t-il. Cette route vient s'ajouter à la construction du mur à l'est du village d'Abu Dis, complétant celui qui existe déjà à l'ouest. Ce nouveau mur, en cours d'édification, participera à l'intégration de la colonie de Ma'ale Adoumim à Israël en séparant totalement le village de la zone coloniale. «Le mur va finir par entourer toute la région sud-est de Jérusalem, qui compte 70.000 habitants, et ils vont continuer jusqu'à ce qu'ils atteignent le village d'Arata, au nord est de Jérusalem. Ils ont déjà commencé à travailler sur les confiscations, constituant en tout, 8500 dunams de la terre de notre village», insiste le maire d'Abu Dis. C'est le fameux « projet E1 » relancé par Sharon en 2005. Le professeur Meir Margalit, coordinateur du Comité israélien contre la destruction de maisons, s'inquiète : «nous sommes préoccupés par la relance de ce vieux projet israélien qui consiste à construire 3500 logements sur la zone E1 entre Jérusalem Est et la colonie de Ma'ale Adoumim. Si cette connexion se fait, elle coupera la continuité entre le Nord et le Sud de la Cisjordanie et rendra alors quasi impossible l'établissement d'un Etat palestinien viable», déclare-t-il. L'Etat hébreu veut intégrer la route déjà existante entre Jérusalem et Jéricho, et la réserver spécialement aux Israéliens. «C'est une nouvelle preuve que nous vivons dans un Etat qui impose le système d'apartheid», ajoute Meir Margalit. Les villageois ont 21 jours depuis mardi pour manifester leur mécontentement auprès d'une Cour de justice. «Nous avons contacté notre avocat, et nous irons devant la Haute Cour de Justice israélienne», annonce le maire. «Nous avons déjà réussi à ce que ce sujet soit abordé par Condoleezza Rice lors de sa visite, en espérant que les pressions américaines serviront à quelque chose, même si nous n'avons aucune confiance dans le gouvernement américain», dit-il. Pour nombre de points stratégiques, les Palestiniens mettent à l'épreuve la crédibilité de la diplomatie américaine et son poids sur les décisions israéliennes.