L'artiste-peintre et graveur, Tibari Kantour, expose jusqu'au 11 juin 2007 à la galerie Delacroix de Tanger. Il s'est confié à ALM et parle de ses nouvelles toiles peintes après son dernier séjour à Téhéran. ALM : Pourriez-vous nous présenter votre nouvelle exposition et pourquoi le choix s'est porté sur Tanger ? Tibari Kantour : C'est une initiative de l'institut français du Nord qui m'a invité à venir exposer à la galerie Delacroix de Tanger. C'est ma première exposition dans la ville du détroit. Ma nouvelle exposition comporte des tableaux que j'ai réalisés après un séjour d'une semaine en Iran où j'étais invité à prendre part à la biennale islamique de Téhéran. C'était une manifestation artistique de grande envergure qui a connu l'exposition de quelque 1.400 tableaux de plusieurs artistes-peintres originaires de différents pays arabes et musulmans. J'ai participé à cette manifestation en tant que membre du Jury. Est-ce que votre séjour à Téhéran a quelque peu influencé les tableaux de votre nouvelle exposition ? J'étais beaucoup impressionné par mon voyage à Téhéran. J'ai découvert l'une des plus vieilles civilisations du monde, de grands musées qui comportent des chefs- d'œuvre qui datent de quelques milliers d'années, ainsi que de très beaux paysages. Je ne m'en suis pas totalement inspiré, mais lorsque je contemple mes œuvres, je constate quelques empreintes gardées et sauvegardées par ma mémoire encore impressionnée par mon dernier voyage au pays de mille et une merveilles. J'étais surtout impressionné par l'art de la calligraphie en Iran que j'ai utilisé spontanément dans mes tableaux. Pour cette nouvelle exposition, je présente des toiles marouflées et des papiers moulés. Pourriez-vous nous parler de cette technique du papier ? Les couleurs que j'utilise sur les toiles sont généralement très chaudes. Mes œuvres se distinguent par la couleur jaune d'or (le jaune foncé). Mais pour le papier, c'est le blanc et ses contrastes de valeur. Ce qui m'intéresse dans cette technique, c'est la matière de la cellulose et ses possibilités pour mieux s'exprimer. Dans ma nouvelle collection, j'ai utilisé la méthode du moulage. Et comme j'étais très influencé par la guerre du Liban, j'ai fait du moulage des têtes de poupées, je les ai écrasées et cela a donné une ambiance quelque peu funeste, digne d'un cimetière. La ville deviendra-t-elle une source d'inspiration pour vous et quels sont vos projets ? La ville de Tanger a inspiré Delacroix, Matisse, Paul Klee et plusieurs autres grands artistes. Elle a constitué le thème de plusieurs de leurs chefs- d'œuvre qui sont exposés dans les célèbres musées du monde. J'aime Tanger et son ambiance, et cela me donnerait, certainement, de nouvelles idées pour la réalisation de mes prochaines œuvres. Je n'ai pas de projets d'avenir puisque je ne fais pas partie des artistes qui travaillent suivant un agenda. Puisque je me trouve au nord du Maroc, j'ai envie de prendre un petit congé de quelques jours et voyager pour rejoindre des amis de l'Ecole des beaux arts de Liège (Belgique) qui participent à une exposition collective au Portugal. De retour au bercail, je vais encadrer un atelier d'initiation à la technique du papier, organisé par l'institut français du Nord au profit des étudiants de l'Institut national des beaux-arts de Tétouan.