En se faisant passer pour un employé de banque à Oujda, un escroc ciblait les filles célibataires pour leur promettre le mariage. Il leur demandait de lui prêter des sommes d'argent allant de 1.000 à 1.500 dirhams avant de disparaître. «Bonsoir…Si tu permets…». Latifa, qui venait de sortir de son travail, à Oujda, et empruntait le chemin du retour à la maison, a fixé du regard le jeune homme qui vient de l'aborder. Il semble qu'elle ne l'a jamais vu, ni l'avoir croisé quelque part dans le quartier ou à son travail. Bref, elle ne lui a pas répondu. Latifa a baissé ses yeux tout en poursuivant son chemin. Son comportement n'a pas découragé le jeune homme qui a continué à la suivre. Que voulait-il d'elle ? Elle ne, le savait pas. Mais elle l'a fixé une deuxième fois avec ses beaux yeux. Qu'est-ce qu'elle voulait exprimer avec ses beaux regards? Lui demander de la laisser tranquille Ou souhaitait-elle, plutôt, qu'il reste près d'elle jusqu'à ce qu'elle arrive à sa demeure ? Certes, cela plaît à quelques filles. «Je veux juste t'exprimer…», a-t-il balbutié comme un adolescent qui veut exprimer pour la première fois ses sentiments à sa bien aimée. Seulement, le jeune homme n'a pas achevé sa phrase. Latifa lui a lancé cette fois-ci un beau sourire. Alors, il a osé l'inviter à un café. Seulement, elle a refusé, arguant n'avoir pas le temps. Elle devait rentrer le plus tôt possible à la maison. Le jeune homme lui a demandé de lui consacrer au moins quelques minutes pour lui parler. Un beau sourire était suffisant pour que sa langue se délie et que les mots trompeurs pleuvent. «Je ne sais pas s'il s'agit d'un coup de foudre ou d'un grand amour envahissant mon cœur», lâche-t-il. Bien habillé et bien rasé, il s'exprimait en arabe tout en lançant quelques mots en français. Le sourire aux lèvres, Latifa l'écoutait attentivement. Soudain, elle a regardé sa montre. Elle n'a pas vu le temps passé. Plus d'une vingtaine de minutes à bavarder. Et ils ont fixé un rendez-vous pour le surlendemain. «Je ne suis pas un frivole qui passe le temps avec une fille pour sortir avec une autre. Je suis sérieux, honnête et je respecte les femmes», lui a-t-il expliqué sur un ton sérieux. Avec son beau sourire, Latifa s'est contentée de l'écouter. «Je suis employé dans une banque, plus ou moins aisé, sans problème…», a-t-il ajouté. Pas moins de deux autres rencontres de plus, le jeune homme lui a demandé d'informer ses parents qu'il viendra en compagnie des siens pour la demander en mariage. Avant de se séparer, il lui a demandé de lui prêter mille dirhams. «Je vais te les rendre demain…J'ai oublié ma carte bancaire à la maison…», lui a-t-il affirmé. Ne disposant pas des mille dirhams, Latifa lui a remis les deux cents dirhams qui étaient dans son sac à main. De retour à la maison, Latifa a informé ses parents de se préparer pour accueillir la famille de son futur fiancé. Cependant, le jeune homme ne lui a plus téléphoné. Elle a pris l'initiative de le contacter. Toutefois, une voix féminine lui lance que «le téléphone mobile que vous appelez est éteint ou hors zone de couverture». Au fil des appels téléphoniques, Latifa ne recevait que la même réponse du répondeur. Que lui est-il arrivé? Latifa n'en savait rien. Elle a eu une curieuse intuition qu'il s'agit d'un escroc jouant avec les sentiments des jeunes filles pour les arnaquer. Elle s'est adressée à la police pour déposer plainte. La machine judiciaire a été mise en branle et le jeune homme a été arrêté. Il s'agit bel et bien d'un escroc, âgé de trente-sept ans, sans profession qui guettait les jeunes filles qui désirent se marier afin de les mettre dans ses filets. Il leur promettait le mariage et leur demander de lui prêter des sommes d'argent allant de mille à mille cinq cents dirhams pour disparaître ensuite. Le jeune escroc a révélé aux enquêteurs avoir arnaqué plus d'une vingtaine de jeunes filles, dont la majorité sont des employées et fonctionnaires. En consultant le répertoire de son téléphone portable, les enquêteurs ont découvert les noms et les numéros de téléphone d'une centaine de jeunes filles, dont plusieurs étaient sur la liste d'attente.