Saâd Houssaini, arrêté le 8 mars, a avoué avoir confectionné les ceintures explosives ayant servi à Sidi Moumen, Hay El Farah et au boulevard Moulay Youssef. C'est ce qui ressort des premiers éléments de l'instruction judiciaire du dossier. Saâd Houssaïni, le teroriste arrêté le 8 mars dernier à Casablanca, n'a pas «chômé» depuis son retour au Maroc début 2002 après les raids américains contre les Taliban en Afghanistan. C'est bien lui, indique une source qui a eu à consulter les procès-verbaux dressés par la BNPJ (Brigade nationale de la police judiciaire), qui a mis au point les ceintures explosives ayant servi aussi bien à Sidi Moumen (11 mars), à Hay El Farah (10 avril) qu'au boulevard Moulay Youssef (14 avril). Selon les éléments de ce P.V, Saâd Houssaïni, armé de ses connaissances en chimie, mais surtout de son expérience en Afghanistan, a travaillé durant plusieurs années pour l'amélioration d'une arme terroriste moins «voyante» que les bombes portées dans des sacs à dos comme cela fut le cas lors des attentats du 16 mai 2003. L'«alternative» proposée par Saâd Houssaïni a été perfectionnée à Bouskoura, dernière localité où il a habité avant son arrestation dans un cybercafé de Sidi Maârouf. Auparavant, celui qu'on peut qualifier de «Mejjati-bis» se déplaçait entre plusieurs régions dont Casablanca, Meknès et El Jadida. Selon ses propres aveux, il préparait des opérations kamikazes contre des sites accueillant des touristes notamment à Marrakech, mais aussi contre de hautes personnalités publiques de divers domaines. Les ceintures explosives, ajoutent les mêmes sources, étaient déjà prêtes, en partie, en 2006. Elles avaient été remises aux kamikazes (Raydi et compagnie) juste avant l'arrestation de Saâd Houssaïni qui n'aurait pas traité directement avec tous les terroristes, mais juste avec les chefs de cellules. Une autre source précise que Saâd Houssaïni n'aurait pas livré le produit «fini», mais juste des «prototypes», laissant le soin aux chefs de cellules d'emplir les ceintures par de grandes quantités d'explosifs déjà prêts à l'usage. Les propos de «Abou Zaïd» confirme l'hypothèse d'une «tête pensante» qui aurait tout coordonné étant donné que ni l'expérience de terroristes écroués, ni leurs niveaux d'études ne leur permettraient de procéder à la fabrication des charges explosives. Le mode d'action des kamikazes de Casablanca renforce également l'hypothèse de terroristes désorientés par l'arrestation de leur leader. Faute de directives claires, ils avaient fini par agir de manière désordonnée et avaient fini par être les principales victimes de leurs actes. Saâd Houssaïni, outre les explosions de Casablanca, a livré de précieuses informations sur sa «carrière» terroriste. Après une affaire de falsification de documents pour les milieux terroristes en Espagne, il fuit ce dernier pays avec l'aide d'un ressortissant tunisien, haut placé dans l'organisation «Annahda» de Rachid Ghannouchi, pour finir en Afghanistan où il débarque en 1997. Chez les Taliban, il avoue avoir assisté à des réunions en présence de Ben Laden et de Aymane Zawahiri. Mais aussi d'avoir contribué à la constitution du GICM (Groupe islamique combattant marocain). La mise en place du GICM (appelé initialement Groupe islamique des moujahidine marocains), avait été faite en compagnie de Taïb Bentizi, Noureddine N'fiaâ, Mohamed Guerbouzi et Houcine El Haski. Détail important : le GICM, à en croire Saâd Houssaïni, a été «agréé» par Ben Laden et Al Qaïda. Taïb Bentizi a été désigné émir du GICM et était secondé par Mohamed Guerbouzi. Houssaïni était également membre de deux instances du GICM : «Majliss Achoura» (sorte de Parlement) et le «conseil exécutif». Il a surtout été désigné à la tête de l'aile militaire du réseau. Le GICM, qui préparait également la guérilla urbaine lancée depuis les régions montagneuses, comptait des «Afghans marocains» et comptait sur le soutien de l'ex-GSPC et de membres basés en Europe pour les fournitures en armes et en munitions. Saâd Houssaïni avait aussi réussi à mettre en place, selon les responsables du ministère de l'Intérieur, plusieurs structures pour le recrutement de jihadistes pour l'Irak. D'ailleurs, début mars, l'une de ses recrues a été arrêtée dans ce pays. Au total, il aura réussi à embrigader près d'une vingtaine de personnes et s'apprêtait lui-même à entreprendre le voyage en Irak. Traqué par la police, ses tentatives ont échoué et il a fini par se retrouver devant le magistrat antiterroriste près la Cour d'appel de Rabat.